Le tableau périodique des éléments, un outil bien connu et utilisé par les chimistes et les scientifiques, a fait l’objet d’une version modernisée à l’initiative de la société européenne de chimie, qui permet de visualiser l’état des ressources en tenant compte des besoins planétaires des éléments, dont certains sont en constante augmentation comme les éléments rares par exemple.
Actuellement, le tableau périodique de Mendeleïev, tel qu’il est affiché dans de nombreuses salles de classe, regroupe l’ensemble des éléments chimiques connus classés selon leur numéro atomique et organisés selon leur configuration électronique. La société européenne de chimie a pris l’initiative de doter ce tableau d’une nouvelle fonction permettant d’informer l’ensemble des utilisateurs, les spécialistes comme le public, de l’évolution de la disponibilité des différents éléments chimiques, de leur utilisation et des enjeux géopolitiques auxquels certains d’entre eux sont soumis.
Le tableau périodique original ne fait pas figurer en particulier la réserve naturelle dont disposent ces éléments et qui est devenu un enjeu central, pour certains d’entre eux, de leur exploitation. Le nouveau tableau périodique proposé par la société européenne de chimie affecte des tailles de cases différentes aux éléments en fonction du niveau de leur abondance naturelle, ainsi qu’un code couleur pour renseigner sur leur disponibilité actuelle.
Le rouge correspond par exemple aux éléments sur utilisés par rapport à leur disponibilité et qui menacent d’une pénurie dans une centaine d’années. D’autres éléments chimiques peuvent se comparer aux ressources énergétiques, certains représentant une ressource non renouvelable comme le charbon ou le pétrole. Pour prendre en considération le besoin de la technologie actuelle, très gourmande notamment en éléments rares, un smartphone a été dessiné dans les cases des éléments chimiques utilisés dans sa fabrication.
Ces évolutions apportées au tableau périodique font nettement apparaître la problématique à laquelle les sociétés vont être confrontées dans les prochaines décennies en particulier pour la production de composants électroniques et d’aimants, de plus en plus utilisés avec le développement des énergies renouvelables. Le tableau permet ainsi d’alerter sur les risques de pénuries prochaines concernant notamment le gallium, le cobalt, l’arsenic ou le tantale qui est un élément dont une partie de l’exploitation se situe en zones de conflits et dont les conditions d’extraction impliquent souvent une main d’œuvre infantile.
Le nouveau tableau périodique a été conçu de manière à s’interroger sur les questions d’éthique et de responsabilités dans l’exploitation des minéraux, en plus d’afficher la disponibilité des minéraux. Les enjeux géopolitiques attachés aux éléments, comme lorsqu’ils sont source de conflit, apparaissent ainsi dans le tableau qui évolue et s’actualise chaque année. Entre 2019 et 2021 par exemple, la couleur de la case du carbone est passée de vert à tricolore, vert, orange et marron, à la suite d’ une réflexion concernant la durabilité de la ressource en carbone.
Le carbone a été considéré comme encore largement disponible mais les réserves de combustibles fossiles pourraient arriver à épuisement si nos pratiques énergétiques ne changent pas et les réserves restantes pourraient devenir source de conflit ou servir à financer des conflits, comme actuellement observé en Ukraine avec les revenus issus du commerce du gaz russe qui permettent le financement du conflit.
Les objectifs de ce nouveau tableau périodique sont d’attirer l’attention sur les limites auxquelles sont soumises les ressources naturelles offertes par la Terre en fonction de ce dont nous avons besoin ou pensons avoir besoin et d’interroger ingénieurs et chimistes sur leurs pratiques. Grâce à la prise en compte des limites de ces ressources par l’ensemble des acteurs et décideurs concernés, de nouvelles solutions peuvent émergées et être encouragées comme le recyclage plus intensif par exemple.
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