L’achat de porte-conteneurs finance des navires de guerre

 

Avec la fin de la pandémie, la reprise du commerce maritime va de pair avec la demande de porte-conteneurs. Ces derniers sont construits essentiellement en Asie et plus particulièrement en Chine où les chantiers navals qui encaissent les commandes utilisent aussi ces financements pour construire des navires de guerre.

Une récente étude du CSIC, le center for strategic and international studies, montre que les chantiers navals qui interviennent dans la construction navale civile sont aussi ceux qui construisent des navires de guerre chinois et la Chine représentant plus de 40% du marché mondial de la construction maritime, la part consacrée au naval militaire peut être substantiel.

La société China State Shipbuilding Corporation, contrôlée par le gouvernement chinois, est la principale entreprise intervenant dans ce secteur et détient 21,5% du marché mondial. CSSC construit les plus grands porte-conteneurs du monde et aussi de nombreux navires pour l’armée de libération populaire, l’armée de la République populaire de Chine.

Compte-tenu de son activité, l’entreprise a naturellement figurée, à partir de 2020 pendant le mandat de Donald Trump, sur la liste des 31 entreprises dans lesquelles les particuliers et entreprises américaines ont eu interdiction d’investir. La coopération entre CSSC et l’armée chinoise se fait essentiellement dans les chantiers navals de Daliang, Jiangnan, Hudong-Zhonghua et Huangpu Wenchong.

Ces sites qui construisent la plus grande partie des navires de guerre chinois ont également construits 211 navires commerciaux entre 2019 et 2021, 64% d’entre eux ayant été commandés par des entreprises étrangères qui financent ainsi indirectement la flotte militaire chinoise. Les chantiers navals de CSSC ne font pas de différence entre activité civile et activité militaire, une photo satellite récente du chantier de Jiangnan montre ainsi un porte-avion en construction à côté d’un navire destiné à la compagnie maritime taïwanaise Evergreen, la sixième entreprise taïwanaise par sa capitalisation boursière avec une valeur totale de vingt-quatre milliards de dollars.

En 2018, la compagnie taïwanaise a commandé 44 navires à CSSC et huit de ses quatorze porte-conteneurs de classe A, les plus grands du monde, ont aussi été construits par CSSC. Le fait qu’Evergreen passe commande à une entreprise qui construit des navires de guerre chinois pourrait interpeller alors même que Taïwan et la Chine ont des relations plus que tendues avec le risque toujours latent d’une invasion de l’île par le voisin chinois. Toutefois, Evergreen n’est pas la seule entreprise étrangère à financer la marine chinoise en passant des commandes à CSSC, l’entreprise française CMA-CGM a commandé 46 navires en 2017 pour un total d’un milliard de dollars et le suisse MSC, première entreprise mondiale de transport par conteneurs, passe aussi des commandes à CSSC.

L’apport de financement n’est la seule préoccupation liée au commerce avec une entreprise navale chinoise car certaines nouveautés technologiques et des savoir-faire utilisées sur les derniers modèles de navires commerciaux pourraient aussi être dupliqués sur les navires de guerre. Les États-Unis sont la première marine de guerre en terme de puissance de feu et de technologie embarquée et la marine chinoise est la plus importante en nombre de bâtiments, mais la Chine comble petit à petit son retard technologique et les partenariats étrangers avec CSSC pourraient accélérer ce rattrapage.

https://fr.businessam.be/acheter-a-lennemi-taiwan-et-la-france-financent-la-machine-de-guerre-chinoise-en-achetant-des-porte-conteneurs/

 

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L’achat de porte-conteneurs finance des navires de guerre

Avec la fin de la pandémie, la reprise du commerce maritime va de pair avec la demande de porte-conteneurs. Ces derniers sont construits essentiellement en Asie et plus particulièrement en Chine où les chantiers navals qui encaissent les commandes utilisent aussi ces financements pour construire des navires de guerre.

Une récente étude du CSIC, le center for strategic and international studies, montre que les chantiers navals qui interviennent dans la construction navale civile sont aussi ceux qui construisent des navires de guerre chinois et la Chine représentant plus de 40% du marché mondial de la construction maritime, la part consacrée au naval militaire peut être substantiel.

La société China State Shipbuilding Corporation, contrôlée par le gouvernement chinois, est la principale entreprise intervenant dans ce secteur et détient 21,5% du marché mondial. CSSC construit les plus grands porte-conteneurs du monde et aussi de nombreux navires pour l’armée de libération populaire, l’armée de la République populaire de Chine.

Compte-tenu de son activité, l’entreprise a naturellement figurée, à partir de 2020 pendant le mandat de Donald Trump, sur la liste des 31 entreprises dans lesquelles les particuliers et entreprises américaines ont eu interdiction d’investir. La coopération entre CSSC et l’armée chinoise se fait essentiellement dans les chantiers navals de Daliang, Jiangnan, Hudong-Zhonghua et Huangpu Wenchong.

Ces sites qui construisent la plus grande partie des navires de guerre chinois ont également construits 211 navires commerciaux entre 2019 et 2021, 64% d’entre eux ayant été commandés par des entreprises étrangères qui financent ainsi indirectement la flotte militaire chinoise. Les chantiers navals de CSSC ne font pas de différence entre activité civile et activité militaire, une photo satellite récente du chantier de Jiangnan montre ainsi un porte-avion en construction à côté d’un navire destiné à la compagnie maritime taïwanaise Evergreen, la sixième entreprise taïwanaise par sa capitalisation boursière avec une valeur totale de vingt-quatre milliards de dollars.

En 2018, la compagnie taïwanaise a commandé 44 navires à CSSC et huit de ses quatorze porte-conteneurs de classe A, les plus grands du monde, ont aussi été construits par CSSC. Le fait qu’Evergreen passe commande à une entreprise qui construit des navires de guerre chinois pourrait interpeller alors même que Taïwan et la Chine ont des relations plus que tendues avec le risque toujours latent d’une invasion de l’île par le voisin chinois. Toutefois, Evergreen n’est pas la seule entreprise étrangère à financer la marine chinoise en passant des commandes à CSSC, l’entreprise française CMA-CGM a commandé 46 navires en 2017 pour un total d’un milliard de dollars et le suisse MSC, première entreprise mondiale de transport par conteneurs, passe aussi des commandes à CSSC.

L’apport de financement n’est la seule préoccupation liée au commerce avec une entreprise navale chinoise car certaines nouveautés technologiques et des savoir-faire utilisées sur les derniers modèles de navires commerciaux pourraient aussi être dupliqués sur les navires de guerre. Les États-Unis sont la première marine de guerre en terme de puissance de feu et de technologie embarquée et la marine chinoise est la plus importante en nombre de bâtiments, mais la Chine comble petit à petit son retard technologique et les partenariats étrangers avec CSSC pourraient accélérer ce rattrapage.

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