La Niña, ce phénomène climatique qui se traduit par un refroidissement des eaux du Pacifique et qui se produit environ tous les deux ans, inquiète les États-Unis, l’Australie et une partie de l’Asie car il semble devenir continu et provoque des sécheresse et pluies diluviennes à répétition.
La Niña connaît un flux ininterrompu depuis deux ans, provoquant une méga sécheresse dans l’Ouest américain, des pluies diluviennes en Australie et un nombre élevé d’ouragans dans l’Atlantique et aussi plus récemment la canicule en Inde. Les scientifiques, qui avaient prévu le retour du phénomène de courants chauds opposé à la Niña, el Niño, courant 2022, ont revu leur prévision à la baisse.
La Niña va persister tout au long de l’été 2022 et l’Administration Nationale Océanique et Atmosphérique aux États-Unis, la NOOA, estime à 50% les chances que le phénomène se poursuive à l’automne. La persistance de la Niña une troisième année de suite aurait un caractère remarquable sur le plan climatique car dans 72% des cas entre 1950 et 1999 c’est normalement le phénomène d’El Niño qui a été observé dans la durée, la Niña ne représentant que 28% des cas.
Mais depuis les années 2000, le phénomène de la Niña est de plus en plus fréquent et s’est produit presque la moitié du temps, alors que les modèles climatiques prévoyaient une surreprésentation d’El Niño avec un réchauffement des eaux du Pacifique en raison du changement climatique.
Selon la NOAA, la période d’observation de 20 à 25 ans n’est pas assez représentative pour tirer des conclusions définitives, la fréquence de la Niña constatée pourrait être due au hasard ou à une conséquence du changement climatique que les scientifiques n’ont pas encore décryptée.
La récurrence de la Niña pourrait aussi avoir été provoquée par l’oscillation décennale du Pacifique, une variation de la température de surface du Pacifique observée par cycle de plusieurs dizaines d’années, entre 20 et 30 ans, cette variation influençant les grands systèmes météorologiques.
Sur le plan économique, la Niña est plus coûteuse qu’El Niño pour les États-Unis et l’Australie, la sécheresse dans l’Ouest américain ayant par exemple coûtée deux fois chère qu’une année d’El Niño.
Alors que les observations habituelles décrivent une deuxième année du phénomène moins sévère, la Niña s’est au contraire renforcée à l’automne 2021 après une baisse au printemps pour ensuite connaître une intensité record entre l’hiver et le début du printemps, accentuant la sécheresse au moment où les réservoirs d’eau américains auraient dû être rechargés par les pluies.
La présence de la Niña constatée sur les vingt-deux dernières années correspond ainsi aux périodes de sécheresse récurrentes observées aux États-Unis et pour Park Williams, hydrologue pour l’université de Californie, la Niña est le phénomène qui influe le plus le climat américain.
Il estime que la Niña seule serait responsable de la pire sécheresse depuis 300 ans, mais celle actuellement observée, la pire sécheresse depuis 1.200 ans, s’explique selon l’hydrologue par la combinaison de la Niña et du changement climatique. Le phénomène actuel n’a ainsi pas une cause unique mais se trouve au croisement de plusieurs facteurs concomitants comme c’est souvent le cas pour les phénomènes climatiques et devrait encore durer au moins six mois.
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