Il y a six cents millions d’années s’est formé la Pangée, le dernier supercontinent unique à recouvrir une partie du globe, mais un tel phénomène n’est pas exceptionnel et se produit tous les six cents millions d’années environ, tous les continents se rassemblant pour ne former qu’un seul supercontinent.
Le prochain supercontinent devrait ainsi se former dans deux cents ou trois cents millions d’années et a déjà été nommé Amasia. A partir du moment où les continents se forment à la surface terrestre, ils ne cessent de bouger les uns par rapport aux autres en fonction du mouvement des plaques tectoniques.
L’histoire de la Terre est ainsi une succession d’agencements de continents différents, allant d’une dispersion importante des continents séparés par des océans comme c’est le cas actuellement à la présence d’un seul supercontinent entouré d’un unique océan. Les archives géologiques et paléomagnétiques qui permettent de recréer le mouvement et la position des continents dans le passé, montrent que ce continent unique apparait environ tous les six cents millions d’années.
Étant donné que la Pangée, le dernier supercontinent connu, s’est formé au Carbonifère il y a plus de trois cent millions d’années, le prochain supercontinent se formera dans approximativement trois cents millions d’années et son nom, Amasia, fait référence à la fusion de l’Amérique du Nord et de l’Asie.
Le scénario prévoyant une telle fusion est présentement le plus probable et différentes modélisations ont été développées pour comprendre comment elle va se produire. Un premier scénario estime que Amasia pourrait se former par la fermeture de l’océan Atlantique, ce qui impliquerait une inversion des contraintes tectoniques actuelles et la création de nouvelles zones de subduction, l’endroit où les plaques tectoniques se chevauchent.
Cette hypothèse est celle de l’introversion qui prévoit la fermeture des océans les plus récents comme l’Atlantique et situe Amasia dans le même hémisphère que l’ancienne Pangée. Un deuxième scénario prévoit que le nouveau supercontinent soit centré sur le Pôle Nord et se forme avec la fermeture de l’océan arctique. Cette hypothèse dite de l’orthoversion prend en compte les limites de l’ancien supercontinent, la Pangée sur lesquelles Amasia va s’appuyer pour se construire.
Enfin, le troisième scénario prévoit que l’océan Atlantique continue de s’élargir et que l’océan Pacifique se referme. Cette hypothèse est celle de l’extroversion qui prévoit la fermeture des anciens océans et situe l’emplacement d’Amasia à l’opposé de celui de la Pangée. S’il est difficile d’arriver à un consensus concernant la formation des anciens supercontinents, un certain nombre de scientifiques estiment que seuls les deux derniers supercontinents, la Pangée, apparu il y a environ trois cents millions d’années, et Rodinia, apparu il y a environ neuf cents millions d’années, auraient utilisé les processus soit d’introversion, soit d’extroversion pour se constituer, contrairement au premier supercontinent connu, Nuna ou Columbia, formé il y a environ 1,6 milliard d’années.
Une équipe de scientifiques s’est intéressée à la manière dont pourrait se former le nouveau supercontinent grâce à une modélisation géodynamique 4D en tenant compte d’éléments comme l’évolution de l’épaisseur et de la résistance de lithosphère influencée par le refroidissement séculaire de la Terre à travers les millénaires et en observant l’influence des zones à faible vitesse, les zones du manteau terrestre où les ondes sismiques se déplacent à faible vitesse.
Les résultats obtenus ont été publiés dans la revue National Science Review et montrent qu’il est probable qu’Amasia se forme selon l’hypothèse de l’extroversion avec la fermeture de l’océan Pacifique. Les modélisations montrent également que l’assemblage du supercontinent dépendra de l’épaisseur de la croûte océanique qui compose le fond des océans.
L’épaisseur de la croûte peut fortement varier et dépend de la quantité de magma du manteau supérieur qui peut être extraite au niveau des dorsales océaniques. Plus le manteau est chaud et plus la quantité de magma extraite est importante et donc la croûte océanique épaisse alors qu’à l’opposé un manteau plus froid produit moins de magma et donc une croûte océanique plus fine.
En fonction de la température terrestre actuelle, l’épaisseur moyenne estimée de la croûte océanique se situe entre six et sept kilomètres, bien qu’il soit aussi possible par exemple de trouver une croûte océanique de trois kilomètres d’épaisseur. Lors de la formation des précédents supercontinents, la situation était nettement différente, car l’étude réalisée montre que la croûte océanique avait une épaisseur de trente à quarante-sept kilomètres il y a 2,5 milliards d’années.
En testant l’effet de l’épaisseur de la croûte océanique sur le mécanisme d’assemblage des supercontinents, les chercheurs ont démontré qu’avec une croûte de moins de quinze kilomètres d’épaisseur, le supercontinent s’assemblerait par extroversion et conduirait à la fermeture de l’océan Pacifique, alors qu’avec une épaisseur de croûte océanique supérieure à vingt-cinq kilomètres, le supercontinent s’assemblerait par introversion, en provoquant la fermeture de l’océan Atlantique.
Avec une épaisseur de croûte comprise entre quinze et vingt-cinq kilomètres, l’assemblage se ferait par orthoversion, le long de la limite de l’ancien supercontinent, la Pangée. Partant du constat que la croûte océanique ne fait que s’amincir au fil du temps, il est probable que le supercontinent Rodinia se soit formé par introversion et la Pangée se soit formé par extroversion.
La croûte océanique continuant à s’amincir, Amasia se formera probablement aussi par extroversion, l’Amérique du Nord rejoignant l’Asie suite à la fermeture de l’océan Pacifique et l’océan Atlantique rejoignant l’océan Indien pour former un nouveau superocéan. Le contexte environnemental au moment de la formation d’Amasia dans plus ou moins trois millions d’années sera différent de celui que nous connaissons, les océans se trouveront vraisemblablement à un niveau plus bas qu’actuellement et un climat aride pourraient recouvrir la région intérieure du supercontinent accompagne de fortes amplitudes de températures entre le jour et la nuit. La question reste de savoir si une part d’humanité sera encore présente pour être témoin de ces changements.
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