Grâce aux avancées médicales qui permettent d’espérer que la phase la plus anxiogène de la pandémie est derrière nous, les bilans commencent à comparer l’année 2019 avec les suivantes et l’année 2020 en particulier.
Ces comparatifs permettent de comprendre le poids du tourisme dans l’activité économique de nombreux pays et régions à travers la planète et les chiffres de la récession collent souvent à ceux de l’évolution de l’activité touristique.
L’Europe, par exemple, est dépendante du tourisme car elle accueille la moitié du flux mondial de touristes, devant la zone Asie-Pacifique et Amérique du Nord. A l’inverse, les touristes européens étant également ceux qui voyagent le plus, les mesures de confinement en Europe influent sur les chiffres du tourisme, tout comme le confinement des touristes hors Europe qui impacte fortement le tourisme européen.
Le choc de la pandémie est d’autant plus grand que depuis des décennies, les bilans du secteur affichent une croissance régulière chaque année. L’activité est ainsi passée de 278 millions de voyageurs en 1980 à 1.235 millions en 2016. Le poids du tourisme dans l’économie mondiale ne cesse également de croître et représente en 2017, 7% des exportations de biens et services.
L’activité touristique se concentre cependant sur certains pays, tels que la France, première destination mondiale en 2016 avec plus de 82 millions de touristes, est cinquième en terme de recettes, les États-Unis et l’Espagne, deuxièmes destinations mondiales en 2016, Les États-Unis étant première en terme de recettes avec 183 milliards d’euros et l’Espagne deuxième avec 54 milliards d’euros.
Le taux de croissance du tourisme mondial tel qu’il a été observé avant 2020, ne sera pas de nouveau atteint avant plusieurs années. L’Organisation Mondiale du Tourisme estime que les niveaux d’activités touristiques de 2019 pourront être de nouveau atteint, au mieux, à partir de 2023.
La tendance observée permet de considérer l’année 2020 comme la pire année dans l’histoire du tourisme, les destinations touristiques ayant accueilli 1 milliard d’arrivées en moins, soit une baisse de 74% par rapport à 2019. Toutes les régions n’ont pas subi cette diminution de la même façon.
Le contraste est important entre la région Amérique, par exemple, qui ne supporte qu’une baisse de 69% de son activité, devant l’Afrique, l’Europe, le Moyen-Orient et la zone Asie-Pacifique qui a vu, quant à elle, son activité chuter de 84%.
Ces diminutions ont des conséquences économiques importantes puisque l’OMT estime à 1.300 milliards de dollars US, les pertes subies en 2020, soit 11 fois plus que lors de la crise de 2009, et entre 100 et 120 millions le nombre d’emplois menacés. Alors que fin 2020, une reprise était espérée pour 2021, l’arrivée des variants tout au long de l’année 2021 décale la perspective de sortie de crise pour 2022, voire 2023.
Cette amélioration dépendra donc principalement de l’évolution de la situation sanitaire, notamment pour la région Europe, selon 51% des professionnels du secteur. Un autre facteur d’amélioration sera l’évolution de la vaccination et la mise en place des passeports vaccinaux qui devraient permettre de redonner confiance aux consommateurs et les inciter à reprendre leurs voyages. Certaines destinations très dépendantes du tourisme, comme les Seychelles ou l’île Maurice par exemple, ont mis en place très tôt début 2021 des assouplissements pour les premiers voyageurs vaccinés.
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Sur le premier semestre 2021, si le nombre d’arrivées est légèrement meilleur qu’en 2020, il reste largement inférieur à celui de 2019, avec globalement une baisse de 80% entre 2021 et 2019. Cette faiblesse de la reprise de l’activité et les perspectives d’amélioration sanitaire sur le reste de l’année 2021 n’incitent pas à l’optimisme, d’où des estimations d’un retour au niveau pré-pandémique qui se décalent vers l’année 2023 et de plus en plus sur 2024 pour 45% des professionnels. Ce chiffre peut monter jusqu’à 58% lorsqu’il s’agit d’anticiper une amélioration sur la zone Asie-Pacifique par exemple.
Le Secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili, estime que le manque de cohérence des règles entre les pays et la disparité de la couverture de la vaccination constituent des freins importants à une reprise du tourisme.
Alors que l’été 2021 a enregistré de sensibles améliorations, en particulier pour les deux principales destinations touristiques, la France et les États-Unis, mais aussi pour le Mexique par exemple, qui a même enregistré une augmentation par rapport à juillet 2019, l’automne se traduit par une nouvelle dégradation dans la circulation du virus. Si 53% des professionnels envisagent une dégradation de l’activité pour la fin de l’année 2021, ils pointent aussi du doigt trois principales sources d’améliorations possibles.
La première raison qui favoriserait le redémarrage de l’activité touristique est une meilleure et rapide diffusion de la vaccination pour 76% d’entre eux, suivie par la levée ou au minimum de l’assouplissement des restrictions aux voyages pour 70% et enfin une meilleure coopération et cohérence dans les règles de voyages des différents pays pour 67% des sondés.
Un retour à une activité normale reste encore globalement fixé à 2023, mais cette date pourrait se décaler en fonction des caractéristiques propres à chaque région. Ces spécificités, tant au niveau des mesures de protection des populations que des taux de vaccination notamment, expliquent que la perspective de reprise est repoussée jusqu’en 2024 pour la région Asie-Pacifique.
Ces différences de perspectives s’expliquent par les mesures prises dans les différentes régions du monde pour limiter la circulation du virus et notamment en Asie-Pacifique où les pays ont tendance à privilégier un retour au confinement total et à la fermeture des frontières pour endiguer les contaminations.
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