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Marcel Remy, doyen des alpinistes suisses, continue l’escalade à 98 ans.

Marcel Remy, doyen des alpinistes suisses, continue l’escalade à 98 ans.
(Villeneuve) Sur la paroi, les gestes encore sûrs et précis ne révèlent rien de l’âge de celui qui les exécute : à 98 ans, le Suisse Marcel Remy réussit l’exploit de grimper encore chaque semaine, faisant l’admiration du monde de l’escalade.
 
 

Le rendez-vous est devenu un rituel : les lundis matins, Marcel arrive au volant de sa vieille Toyota et retrouve l’un de ses fils, Claude, à la salle d’escalade de Villeneuve, l’une des plus grandes de Suisse, au-dessus d’un centre commercial.

 

Là, il enfile lentement ses chaussons d’escalade et son baudrier et, après avoir repéré la première ascension qu’il doit entreprendre, se lance sans hésitation à l’assaut du grand mur d’escalade intérieur.

 

« Ça me donne beaucoup de plaisir parce qu’il faut travailler, réfléchir, se dépasser, c’est ce qui me convient », expliquait-il lundi dernier entre ses deux escalades matinales.

 

« Je viens pour ma santé, c’est la première chose, je continue pour les muscles, car j’ai remarqué très souvent que si on arrête pendant quinze jours-trois semaines, on a beaucoup plus de peine pour repartir, il vaut mieux venir fréquemment », raconte-t- il tranquillement.

 

 

 

« Papa très dur »

L’escalade a toujours eu une part essentielle dans la vie de Marcel Remy. Bercé enfant par les histoires de la montagne, il n’a de cesse d’aller la découvrir et les Alpes deviendront son terrain de jeu.

 

Ouvrier aux chemins de fer suisses, il passe tout son temps libre en montagne où, rapidement, il emmènera ses deux fils.  

 

« C’était un papa vraiment très dur, avec lui c’était marche ou crève, quelles que soient les conditions », se souvient son aîné, 68 ans.  

 

Mais malgré sa rudesse, il saura transmettre sa passion : Claude et son frère Yves, 65 ans, sont devenus des vedettes du monde de l’escalade, à tel point que le magazine spécialisé « Grimper » consacrait en août 2020 une quarantaine de pages à leur histoire et aux plus belles escalades qu’ils ont ouvertes ensemble.

 

Dans la salle de Villeneuve, c’est maintenant Claude qui conseille son père, avant sa deuxième ascension du jour. Marcel Rémy effectue celle-ci en premier de cordée, accentuant le risque.

 

Du haut de ses 98 ans, il avale les premiers mètres de la paroi sans grande difficulté, mais dans la partie supérieure, il peine pendant plusieurs minutes à trouver un appui lui permettant d’aller jusqu’au sommet.

 

« C’est bon ! »

 

Ce n’est qu’au prix d’un agile saut d’un pied sur l’autre qu’il trouvera finalement la solution pour terminer la voie. « C’est bon ! », crie-t-il le souffle court, avant de redescendre.

 

En bas, assis sur un banc après l’effort, il serre les poings et lance à son fils un joyeux « je suis content ».

 

« C’est un caractère bien trempé […], il est très résistant à l’effort », commente Claude, admiratif.

 

« Même s’il y a un passage très dur, comme on l’a vu à la fin de la voie, il cherche et il résout finalement le problème parce qu’il le veut, il est motivé », souligne-t-il, ajoutant : « quand ils le voient, les gens n’imaginent pas du tout son âge […] et il n’y a aucun doute qu’il soulève une très grande admiration dans toutes les couches d’âge, même chez les très jeunes ».

 

S’il grimpe désormais plutôt en salle, Marcel Remy faisait encore récemment des sorties en montagne. En 2017, à 94 ans passés, il a ainsi vaincu un haut lieu de l’escalade suisse qu’il connaissait bien : le « Miroir de l’Argentine » et ses 500 mètres de paroi calcaire.

 

Et pour le moment, il ne se voit pas arrêter. « Si j’ai le bonheur de vivre encore et d’être bien, pourquoi ne pas continuer ? »

 

Dans un peu plus d’un an, Marcel Remy aura 100 ans.

 

 

ELOI ROUYER
AGENCE FRANCE-PRESSE

 
 
 
 
 
 
 
 
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