Au vu du prix du mètre carré vaut à Paris, autour de 8.000 €, et à Londres, où il atteint 12.000 €, nombreux sont ceux qui cherchent des solutions pour se loger à moindre frais. Dans ces deux villes notamment un certain nombre de mètres carrés vides sont disponibles et très bien placés. Il s’agit de mètres carrés de bureaux inoccupés qui cherchent preneur, comme à Paris par exemple et parfois sur des étages entiers en raison des prix devenus trop chers pour les entreprises parties en banlieue depuis la crise de la Covid-19.
Les agences peuvent désormais louer ces espaces comme appartement, le gouvernement français ayant autorisé ce type de location à titre expérimental. En Angleterre, ce dispositif existe déjà et connaît un franc succès, car il permet de trouver une location environ quatre fois moins cher qu’une location classique. Prenons l’exemple d’une jeune fille d’une vingtaine d’année qui vient de trouver un emploi et qui cherche désormais son premier appartement dans le cœur de Londres.
Les offres présentées par les agences ne proposent que des prix très élevés, environ 1.600 € pour un studio. La solution qu’elle a trouvée pour habiter dans le centre non loin de son travail est présentée par Adam, un agent immobilier d’un nouveau genre qui l’accueille pour une visite. Ils entrent dans un immeuble, composé au rez-de-chaussée d’un grand hall d’entrée dans lequel est affiché le règlement de l’immeuble et qui donne sur des escaliers qui mènent aux étages.
La chambre disponible se trouve à l’étage, mais les pièces traversées n’ont rien à voir avec un immeuble d’habitation. Le mobilier abandonné sur place fait comprendre qu’il s’agissait d’un immeuble de bureaux. Adam explique qu’il n’y a pas de salle de bain à chaque étage et qu’il est possible d’utiliser tout ce qui se trouve à l’intérieur de l’immeuble ou de déplacer le mobilier entreposé pour bénéficier de tout l’espace disponible. Dans le bâtiment déjà occupé par une dizaine de colocataires, la jeune fille pourra disposer d’un espace privatif à redécorer de la taille d’un bureau de 15m2 où elle pourra installer son lit.
La difficulté à trouver un logement rend anecdotique la vue de la chambre sur l’open space et l’absence directe de lumière naturelle, les fenêtres donnant sur la rue depuis l’open space suffisent à la jeune fille. Le promoteur n’ayant pas voulu investir pour des aménagements, les locaux doivent être utilisés tels quels, la salle de bain par exemple correspond aux anciennes toilettes des bureaux situées au rez-de-chaussée et seule une cabine de douche électrique a été installée.
Le prix du loyer de 400 €, soit quatre fois moins que les prix pratiqués dans le quartier, fait oublier ces désagréments. Adam est employé par la société Camelot, qui encaisse le loyer et a réussi à convaincre le propriétaire de l’immeuble de lui confier ses bureaux lorsqu’il ne les loue pas à une entreprise. Sur la porte d’entrée de l’immeuble est affichée une pancarte indiquant protégé par occupation.
Elle signifie que l’immeuble grâce au système de locations est protégé par ses occupants, ce qui permet d’éviter les squats, le vandalisme ou les graffitis, a l’avantage d’être moins cher que des caméras ou des gardiens, Camelot pouvant rapidement informer le propriétaire en cas de problème.
La contrepartie du bas loyer est d’assurer le gardiennage de l’immeuble à côté d’autres exigences. La formule de la chambre-bureau a un tel succès en Angleterre qu’il faut répondre à des critères précis, comme le fait de ne pas avoir d’enfant, ni d’animaux, de percevoir un salaire et d’avoir un casier judiciaire vierge, mais surtout être flexible pour pouvoir déménager très rapidement. Le contrat de location est conclu pour trois mois minimum et il est ensuite révocable à tout moment.
Ce type de location permet parfois de tomber sur de vrais coups de cœur pour les personnes aimant les espaces atypiques. Au sud de Londres, Jeremy, étudiant en photographie, a aménagé il y a un an avec cinq colocataires dans une ancienne banque. Sa chambre est relativement spacieuse et il dispose aussi d’un vaste salon décoré avec des meubles de récupération. Pour un loyer de 300 € par mois, Jeremy a également accès à l’ancienne salle, des coffres en sous-sol une fois passé les portes blindées, des volets roulants et les sas de sécurité.
Le bâtiment dispose ainsi de quatre coffres-forts que les locataires peuvent utiliser selon leur besoin et d’une vue remarquable sur Londres depuis le toit de l’immeuble, en particulier sur la grande roue et Big Ben. Jeremy ne peut cependant pas s’attacher à sa location, car il doit bientôt partir, l’immeuble devant être détruit. En France, les appartements bureaux pourraient séduire les jeunes salariés et les étudiants, un million d’entre eux cherchant un logement à chaque rentrée universitaire, ce dont profitent actuellement les prédateurs de l’immobilier.
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