Covid-19

Comment la pandémie a refaçonné nos projets

Comment la pandémie a refaçonné nos projets

Au début de la pandémie, en 2020, chacun pensait que les contaminations allaient connaître un pic rapide puis l’infection allait disparaître aussi rapidement qu’elle était venue permettant de retrouver ses habitudes d’avant en quelques mois sans que la Covid-19 impacte durablement nos plans et nos projets.

Malheureusement, il n’en a rien été et nombre de nos projets, voyages, mariages, évolution professionnelle, ont été décalés de plusieurs mois, voire d’une année. Chacun de nous va développer des parades différentes pour dépasser cet obstacle. Il est, par exemple, possible d’adopter une posture stoïcienne en acceptant les événements tels qu’ils arrivent afin de mieux les intérioriser.

Cette approche stoïcienne a été remise en question par certains philosophes, à l’image de Spinoza ou Schopenhauer, qui ont rappelé que la nature humaine était faite de désir et de rêves et que dès lors il était naturel de continuer à construire des projet et se fixer des objectifs même lorsqu’on doit faire face à une période hostile.

Cette manière d’appréhender notre existence a trouvé sa traduction dans la théorie de la décision qui détaille, selon Mikaël Cozic, auteur de « choisir rationnellement » aux éditions Matériologiques, d’un côté le projet descriptif, qui permet d’expliquer comment on prend une décision et de l’autre le projet normatif qui permet de déterminer comment nous aurions intérêt à faire.

Selon cette théorie, il est possible de prendre une décision en considérant les probabilité de réussite d’un choix et de s’y référer à chaque décision qui s’y prête. En revanche, pour les décisions qui sont difficilement quantifiables, cette théorie préconise de privilégier les choix les plus cohérents en fonction des décisions que nous avons déjà prises par le passé.

En l’absence d’une maîtrise de tous les paramètres, il peut être conseillé de se concentrer sur les moyens dont nous disposons et non sur le but proprement dit, car tel que le décrit Aristote dans l’éthique à Nicomaque : « nous ne délibérons pas des fins mais des moyens pour y parvenir ». Il s’agit alors d’avancer pas à pas en fonction des possibilités qui s’offrent à nous à chacun de ces pas.

Ainsi, il est conseillé de ne pas privilégier l’inaction ou l’absence de projet sous prétexte que nous ne maîtrisons pas l’avenir afin de ne pas avoir à prendre des décisions au dernier moment et de subir les conséquences de décisions irréfléchies.

Dans ce cadre, certains philosophes tels que Mickaël Bratman, rappellent que le projet doit s’inscrire dans un cadre souple et que planifier un projet c’est aussi être en capacité, tout en conservant son orientation initiale, de le remettre à jour en fonction des événements qui se présentent à nous. Et selon Heidegger, s’il est dans la nature de l’être humain de faire des projets, l’enjeu se situe plutôt au niveau de l’acceptation des projets que l’on planifie et de la manière dont on va s’assurer qu’ils se réalisent.

La vraie problématique consiste alors à accepter de réaliser ses propres projets plutôt que ceux des autres, souvent privilégiés pour ne pas avoir à se différencier et pouvoir se fondre dans la masse. Le mouvement existentialiste, et Jean-Paul Sartre en particulier, confirme cette approche en considérant que l’être humain n’existe qu’à travers les projets qu’il prévoit de réaliser et pour autant c’est parce qu’il met tout en œuvre pour atteindre son principal objectif que l’être humain arrive à se réaliser même s’il n’arrive pas à atteindre ce projet fondamental.

Certains bouleversements peuvent permettre à tout un chacun de se recentrer ou de réaliser des projets qu’il n’avait pas osé ou eu le temps d’entreprendre jusqu’alors. La pandémie est ainsi vécu comme un déclencheur permettant de se réaliser, il s ‘agit par exemple de rénover un voilier ou une vieille bâtisse achetée avant la pandémie, de développer une économie d’autosuffisance grâce à la création d’un jardin maraîcher ou de se consacrer pleinement à une activité artistique, comme la peinture dans le cas de Catherine Parent dans les Basses Laurentides, qui avait dû mettre de côté sa passion pour subvenir aux besoins du quotidien.

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