Faire réaliser une tâche par un robot plutôt que par l’être humain permet de dégager l’homme d’actions parfois répétitives qui n’apportent pas une réelle plus valus intellectuelle. Le philosophe français Michel Serre, rappelle que par exemple, la mémoire d’un ordinateur est beaucoup plus imposante que celle de l’être humain et en externalisant cette fonction à la machine, l’homme peut concentrer son cerveau sur d’autres tâches plus créatives et lui permettre d’être plus inventif et plus intelligent.
La robotique a fortement évolué ces dernières années grâce au développement du deep learning, ou système d’apprentissage automatique par algorithme, qui permet par exemple de décrypter une image, comprendre une conversation et d’améliorer les réponses du robot grâce à la pratique.
La robotisation est déjà très présente dans le milieu médical comme avec le robot pioneer Da Vinci, développé par Intuitive Surgical, qui est devenu une aide précieuse pour les chirurgiens avec des quatre bras articulés manipulant des instruments pour les incisions et sa caméra endoscopique.
Le robot affranchit ainsi des risques de tremblement pour la pratique de la chirurgie mini-invasive par exemple. Des robots interactifs ont aussi été développé, tels que l’application MedWhat par l’université de Stanford qui, sur le même principe qui Siri pour Apple, répond à toutes les questions de santé, ou l’intelligence artificielle Watson, développé par IBM, qui permet d’améliorer les diagnostics médicaux en étant capable d’analyser toutes les données disponibles pour un même patient, les études publiées, les tests et les essais cliniques disponibles dans les bases de données médicales.
La robotique, en améliorant le quotidien de l’être humain, concourt à améliorer l’humanité grâce à la science et la technologie, concept philosophique connu sous le nom de transhumanisme.
En théorie, le transhumanisme permet de libérer l’homme de ses contraintes naturelles telles que la maladie et la mort et de nouveaux robots sont créés afin d’améliorer les capacités humaines. Il s’agit par exemple des exosquelettes qui permettent d’améliorer les capacités motrices de l’être humain que ce soit à des fins médicales ou professionnelles, tels que ceux développés par l’armée américaine pour transporter des lourdes charges et intégrant des dispositifs de protection pare-balles ou de contrôle des signes vitaux.
Notre quotidien est, depuis les premiers robots ménagers, aussi envahi par la robotique mais les avancées technologiques récentes portent plus sur le développement des interactions sociales comme par exemple le robot Paro en forme de phoque distribué dans les maisons de retraites, qui permet d’offrir à chaque malade une simulation cognitive personnalisée.
En chimie, l’apprentissage automatique facilite la conception de nouvelles molécules, le séquençage de l’ADN et la technique de criblage pour de nouveaux médicaments. La facilité offerte par la machine pour concevoir des hypothèses, réaliser des expériences, tester et interpréter les résultats favorise l’avancée et le développement des connaissances.
Le profil du robot a aussi évolué dans le secteur industriel depuis ses débuts dans les années 70. Le robot est devenu plus autonome, plus rapide et peut effectuer des tâches toujours plus complexes. La collaboration entre homme et robot s’appelle désormais la cobotique et permet aux sociétés les plus avancées dans ce domaine d’être aussi les plus compétitives, comme ce fût le cas de l’usine Nissan de Sunderland qui est devenue l’une des plus compétitives d’Europe.
En 2016, l’usine Foxconn qui assemble les Iphone en Chine a installé 60.000 robots sans supprimer un emploi, les robots servant à remplacer les humains dans les tâches répétitives. Dans l’ouvrage « Robots. Le mythe du Golem et la peur des machines », Brigitte Munier explique que la crainte occidentale contemporaine de machines intelligentes menaçant de gouverner l’humanité camoufle l’angoisse de ne plus trouver de sens à l’existence de l’être humain.
Selon l’auteure, cette thématique de l’opposition entre l’homme et sa création, comme Frankenstein ou plus récemment avec Terminator et Matrix, est typique de la société occidentale pour qui l’être humain se définit comme ayant une âme dotée d’une origine transcendante, au contraire de la culture japonaise par exemple dans laquelle l’âme est immanente, elle reste associée à la personne.
Le robot est alors perçu comme un compagnon ou un alter ego et non comme une menace, d’où le symbole de l’espoir représenté dans le Japon d’après-guerre par Astro le robot. L’opposition culturelle se retrouve aussi dans la robotisation de l’acte sexuel. Alors qu’au Japon les « love dolls » existent depuis les années 80, une levée de bouclier apparaît dans les pays occidentaux pour faire interdire les sexbots, robots à caractère sexuel, considérés comme perturbateur pour le développement affectif des adolescents et réducteur pour la relation entre homme et femme dès lors où l’homme pourrait réduire la femme aux mêmes attitudes que celles proposées par un sexbot.
Elon Musk, PDG de Tesla et de SpaceX, plaide pour un contrôle réglementaire de l’intelligence artificielle afin d’éviter d’être dépassé par la technologie. Comme l’indique Peter Singer, professeur de bioéthique à Princeton, la question éthique se pose aussi pour l’intelligence artificielle car si un être humain au volant d’une voiture prendra par exemple le risque de blesser les passagers du véhicule pour éviter d’écraser un enfant, comment réagirait un robot dans la même situation ou si c’est un animal qui traverse devant le véhicule.
En France par exemple, le débat sur la menace de la robotisation pour l’emploi a débuté avec l’automatisation des caisses enregistreuses dans les grandes surfaces. Le Conseil d’orientation pour l’emploi estime que 1,5 millions d’emplois sont menacés, et d’autres amenés à disparaître comme agents d’entretien par exemple en raison de la robotisation des tâches ménagères.
Lors de la conférence internationale sur l’intelligence artificielle à Buenos Aires en 2015, des milliers de scientifiques ont signé un appel pour alerter sur les armes autonomes qui peuvent tuer sans intervention humaine et décrite comme la troisième révolution dans la pratique de la guerre après la poudre et les armes nucléaires. Le physicien Stephen Hawking indiquait à la BBC en 2014 que l’intelligence artificielle pouvait dépasser prochainement l’homme en devenant toujours plus autonome alors que l’être humain est ralenti par son évolution biologique naturelle et ne pourrait pas suivre l’évolution des robots. En 2017, il proposait la création d’une structure internationale pour contrôler le développement des robots et éviter qu’ils ne prennent le dessus.
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