Toutes les explorations spatiales récentes se focalisent sur Mars, la quatrième planète la plus éloignée du soleil, pour rechercher des traces d’eau et de vie. Mais au début de la conquête spatiale, les premières explorations s’étaient dirigées vers Vénus, la deuxième planète la plus proche du soleil.
L’Union Soviétique était la principale puissance qui explorait Vénus avec notamment en 1967, la sonde Venera 4 qui est la première à étudier l’atmosphère d’une autre planète ou en 1970, avec le premier engin spatial qui atterrit sur une autre planète que la Terre.
La NASA avait également développé les programmes Mariner dans les années 60 et 70 pour explorer Vénus puis le programme Magellan qui a été actif jusqu’en 1994 avant d’être programmer pour se désintégrer dans l’atmosphère de Vénus.
La planète a été ensuite laissée de côté au profit de planètes, comme Mars, qui présentaient des possibilités de trouver des traces d’eau plus importantes que Vénus et qui offraient une meilleure sécurité pour les atterrissages d’engins spatiaux.
Pour autant, la similarité de Vénus avec la Terre est suffisamment grande pour conserver un attrait scientifique, d’autant que des spécialistes sont persuadés que Vénus a été très différente il y a plusieurs millions d’années et aurait pu abriter des océans et des rivières avant qu’un supposé phénomène à effet de serre détruise l’écosystème existant.
L’évolution qu’a connu Vénus permettrait de comprendre comment peut évoluer une planète comme la Terre, très proche par la taille et la masse, comment les conditions de vie ont évolué. Cette similarité permettrait aussi de savoir comment des changements climatiques de grande ampleur, comme celui qu’a certainement connu Vénus et comme celui que la Terre commence à connaître, peuvent influencer les conditions d’habitabilité d’une planète.
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L’intérêt pour Vénus vient également de la récente découverte par une équipe britannique de gaz phosphine, un gaz très toxique, dans l’atmosphère de Vénus.
Cette découverte est considérée par un administrateur de la NASA, Jim Bridenstine, comme la plus importante découverte dans la recherche de vie sur une autre planète. Ce gaz est largement présent sur d’autres planètes telles que Jupiter et Saturne qui n’accueillent aucune vie extraterrestre, mais il est également présent sur Terre où il est systématiquement associé à la présence de vie.
Franck Montmessin, chercheur au laboratoire atmosphère, milieux et observations spatiales du CNRS, explique qu’il y a deux types d’atmosphères, l’une comme celle de Jupiter qui retient plutôt le gaz et celle de la Terre et de Vénus, dite oxydante, pour laquelle la présence de phosphine est due à une activité biologique, la phosphine devant être régulièrement expulsée pour rester visible dans l’atmosphère.
L’importance de cette découverte est également liée aux caractéristiques de la planète, à priori peu propice au développement de la vie, avec une atmosphère constituée de 95% de gaz carbonique, des nuages constitués à 90% d’acide sulfurique, une température en surface de plus 450˚C et une pression atmosphérique 100 fois supérieure à celle de la Terre.
Mais dés les années 60, certains scientifiques, comme l’américain Harold Morowitz, estimaient néanmoins que la vie était possible dans les nuages de Vénus, et c’est à cet endroit qu’a été détectée la phosphine aujourd’hui. L’hypothèse est qu’il fait moins chaud dans cette partie de l’atmosphère et que des organismes vivants ont pu s’adapter à ces conditions extrêmes.
Des études plus poussées sont nécessaires pour vérifier que la présence de phosphine dans l’atmosphère de Vénus correspond bien à un résultat similaire à celui de la présence de phosphine sur Terre, l’idéal étant de faire des relevés sur site pour les analyser. Un des avantages de Vénus, qui a longtemps été appelée la sœur jumelle de la Terre, est qu’un voyage sera moins long que pour aller sur Mars, la planète étant plus proche de la Terre.
Le 2 juin 2021, la NASA a confirmé qu’elle allait lancer deux nouvelles explorations de Vénus, l’une baptisée Davinci+ et l’autre Véritas. L’objectif de ces missions est de rechercher pourquoi Vénus a pu devenir la planète inhabitable que l’on connaît actuellement alors que la Terre, située juste après Vénus a vu la vie se développer.
Bill Nelson, le nouvel administrateur de la NASA a rappelé qu’il s’agissait de nouvelles explorations 30 ans après la dernière, Magellan en 1989, et qu’elles devraient permettre de comprendre pourquoi la Terre a pu évoluer vers une atmosphère habitable alors que Vénus connaît une atmosphère trop dense pour être habitable. Les deux missions devraient débuter à partir de 2028, Davinci+ sera chargée de mesurer l’atmosphère de Vénus et rechercher si la planète a, à un moment donné de son évolution, abrité un océan.
Une sphère plongera dans l’atmosphère de Vénus pour effectuer une mesure des gaz qui la composent. Véritas étudiera l’histoire géologique de la planète en modélisant en 3D la topographie et relever si des mécanismes tectoniques ou volcaniques sont encore actif et si de la vapeur d’eau est rejetée dans l’atmosphère.
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