Le Qatar est l’un des pays du Golfe qui connaît un développement important depuis plusieurs années notamment grâce à ses réserves de gaz naturel. Au fil des ans et de l’évolution favorable de la demande et du prix des matières premières, le Qatar a su diversifier ses investissements pour réduire sa dépendance aux matières premières.
Sa richesse repose aujourd’hui sur cinq piliers que sont le gaz, les médias avec la chaîne de télé Al Jazeera, le football, la présence militaire américaine et depuis peu la diplomatie. D’abord intégré à la péninsule arabique, le Qatar s’est peu à peu émancipé pour marquer sa différence vis-à-vis des autres pays du Golfe, notamment l’Arabie Saoudite, et les premières tensions sont nées lors de la création de la chaîne Al Jazeera qui laisse s’exprimer des opposants politiques aux régimes voisins.
Politiquement, le Qatar a été considéré, et est toujours considéré, par certains Etats comme trop proche des mouvements extrémistes et terroristes et en les finançant comme Al Qaïda, Etat islamique , Frères musulmans, Hezbollah , Hamas . Pour autant, le pays arrive à lisser cette image radicale grâce à la fois à la présence de la base américaine sur son sol et aux relations diplomatiques qu’il se doit d’entretenir avec l’Iran pour l’exploitation du champ gazier qu’ils ont en commun, mais aussi la volonté affichée d’être le représentant d’un Islam moderniste.
A ce titre, les investissements dans des clubs de foot européens comme le PSG ou les efforts consentis pour accueillir la coupe du monde de football en 2022 vont dans ce sens.
C’est également ces relations multilatérales qui irritent ses partenaires historiques, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn et Égypte qui avaient mis un terme à leur relation diplomatique en 2017 en raison de liens estimés trop proches avec l’Iran et la Turquie notamment. Cette barrière a pu être levée début 2021 grâce aux efforts diplomatiques du Koweit et des Etats-Unis. Cette évolution est symptomatique des soutiens internationaux dont a réussi à s’entourer le Qatar et de sa volonté d’être un acteur majeur dans le Golfe persique.
La visibilité sur la scène internationale et diplomatique et le développement technologique ne sont pour autant pas suffisants pour permettre au pays d’être reconnu comme moderniste selon l’approche des alliés occidentaux.
Le Qatar est ainsi sous le feu des critiques pour la gestion humaine des chantiers liés au mondial 2022 concernant une majorité de travailleurs immigrés. Ces derniers représentent environ 88% de la population de travailleurs migrants au sein de la population totale du Qatar et les préparatifs du mondial ont mis en exergue la précarité de cette population. Le débat concerne moins le nombre de décès intervenus sur les chantiers, que le respect des droits des travailleurs, tel que le niveau de salaire, le nombre d’heures de travail ou l’écart entre le poste annoncé et le poste occupé notamment.
Selon une enquête du Guardian , le bilan humain est insensé serait de l’ordre de 6,500 travailleurs étrangers qui auraient péri sur les chantiers , cela n’empêche pas les dirigeants du Qatar de rêver d’organiser les JO de 2036 . Est ce que le Comite Olympique osera confier au Qatar les JO apres les scandales de corruption lies a l’obtention de l’organisation de la coupe du monde de Football de 2022?
Les procedures de corruption sont toujours en cours et que reserve l’avenir pour les plus grands soutiens de cette coupe du monde au Qatar comme Zidane, Nicolas Sarkozy et Michel Platini .
La critique sur le non-respect des droits de l’homme prend de l’ampleur et certaines équipes de football comme la Norvège n’hésitent pas à menacer de boycotter le mondial si ces droits ne sont pas mieux respectés en dehors des terrains.
De même, le traitement réservé aux femmes arbitres lors de la finale de la coupe du monde des clubs a été très commentée et montre les limites de la modernité dans une culture musulmane traditionnelle.
Ces contradictions qui lient modernité et culture traditionnelle posent aussi la question de la définition d’une modernité compatible avec certains principes de l’Islam plutôt que d’essayer de calquer la modernité occidentale sur une culture non occidentale. Selon l’approche retenue, certains s’élèvent déjà pour critiquer, tel Jen-Luc Mélanchon en France par exemple, un nouvel impérialisme occidental non respectueux des différences culturelles et celles de l’Islam en particulier.
La question serait alors de savoir ce qui relève des droits universels de l’homme et de la femme et ce qui relève du simple prisme occidental. Par ailleurs, l’autre défi que doit relever le Qatar est celui de la transition environnementale pour un pays tirant la majeure partie de ses richesses d’une énergie fossile. Le Qatar a déjà commencé à diversifier ses investissements pour anticiper une baisse des revenus fossiles a moyen long terme.
Pour autant, il est possible que toute la géopolitique du Moyen-Orient soit revisitée lorsque ces pays n’auront plus l’attrait qu’ils connaissent actuellement auprès des pays consommateurs dans un avenir proche uniquement d’énergies non fossiles ou en raison de l’épuisement programmé de cette richesse.
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