Par Louis Torronde , 3o Novembre 2020
La fin de l'année 2020 se caractérise par une diminution des cas de contamination en Europe suite aux mesures de confinement prises par les différents pays. Mais la fin annoncée de la 2ème vague ne se vérifie pas partout, notamment aux Etats-Unis. Ce pays fait face à une vague de contamination très virulente alimentée par l'absence de mesures coordonnées à l'échelle fédérale et l'évolution de la pandémie laisseraient plutôt penser qu'il s'agit d'une puissante 2ème vague et non d'une 3ème vague, la 1ère vague n'ayant jamais vraiment diminuée depuis avril.
https://covid.cdc.gov/covid-data-tracker/#trends_dailytrendscases
Cette situation fin 2020 interroge rétrospectivement sur les probabilités présentées au printemps sur l'évolution de la pandémie et permet de construire des hypothèses sur la façon dont la pandémie évoluera dans les prochains mois. De manière rétrospective, l'évolution de l'épidémie telle qu'elle se présente actuellement avait déjà été identifiée en mai en prenant comme comparaison le profil d'autres épidémies. Et surtout le scénario d'une vague plus importante à l'automne avait la préférence de certains experts scientifiques. Pour autant, ces calculs ne prévoient pas de 3ème vague plus importante que la 2ème mais plutôt une succession de petites vagues.
https://www.numerama.com/sciences/660941-la-deuxieme-vague-de-coronavirus-na-rien-dune-surprise.html
Parallèlement, plusieurs hypothèses sont envisagées pour anticiper les futures évolutions du virus. Les hypothèses les moins probables sont celles qui envisagent soit une extinction naturelle du virus comme pour le SRAS en 2003, soit une immunité collective car la propagation mondiale du virus, le caractère non saisonnier de la Covid-19, les cas de réinfection ou l'absence de données sur la durée de l'immunité une fois le virus contracté ne permettent de valider ces deux hypothèses. Une autre hypothèse peu probable est celle d'un vaccin qui stopperait définitivement la circulation du virus car, comme le rappelle l'historienne Nükhet Varlik de l'Université de Caroline du Sud, seul le vaccin contre la variole a permis d'éradiquer définitivement un virus. Dans la plupart des cas, les vaccins fonctionnent en permettant de diminuer le nombre de personnes infectées et décédées, tout en devant être renouvelés régulièrement, tous les ans par exemple. Il s'agit donc d'une hypothèse envisagée pour la Covid-19, un virus qui revient par cycle et dont la propagation serait freinée par un vaccin, tout en maintenant des mesures de protection des populations pour limiter sa circulation, comme c'est le cas pour Ebola ou la grippe notamment.
https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-pourrait-terminer-epidemie-coronavirus-81020/
Ainsi, un vaccin mis sur le marché en 2021 permettra de lutter contre la souche actuelle de la Covid-19 mais il n'est pas certain qu'il soit adapté aux mutations à venir du virus comme cela a déjà pu être observé sur les visons dans plusieurs pays tel qu'au Danemark, aux Pays-Bas ou en Irlande.
https://www.doctissimo.fr/sante/news/covid-19-mutation-virus-vison
A l'heure où le mode de transmission du virus de l'animal à l'homme n'est pas encore complètement connu, ces évolutions sont surveillées par les scientifiques car certaines mutations pourraient permettre au virus de se transmettre plus facilement d'un être humain à l'autre.
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/les-mutations-un-mode-d-adaptation-normal-des-virus_140746
Ces mutations et leurs impacts sur la dangerosité du virus sur l'être humain sont également suivis de près par les instances politiques car ces observations permettent aux gouvernements d'adapter les mesures de protection pour les populations, les systèmes de soins et les types de vaccins à utiliser. En France par exemple, le Sénat avait commandé une étude en 2010 sur le virus H1N1 dont conclusions préconisent notamment d'améliorer la coordination nationale et européenne entre les réseaux de surveillance, de mettre en place une Task Force chargée de la communication, de définir des plans de lutte contre la pandémie proportionnés et gradués. Cette étude reste d'actualité 10 ans après pour la pandémie de la Covid-19.
https://www.senat.fr/rap/r09-307/r09-3072.html
Dans ce contexte, les évolutions constatées de la pandémie dans les différents pays attestent de l'utilité des mesures prises par les gouvernements car ces interventions influent sur le nombre de contaminations et de morts provoquées par les vagues successives. Les gouvernements adaptent ainsi leurs décisions en fonction des contextes, dans l'attente de la distribution d'un vaccin et de traitements adaptés. Pour ce faire, la connaissance par les autorités des lieux les plus susceptibles de propager le virus constitue un enjeu majeur pour mettre en place un confinement ciblé ou général et organiser l'ouverture et la fermeture de certaines activités en fonction de leur incidence dans la propagation du virus. Une étude publiée dans la revue Nature en novembre 2020 indique notamment que les principaux lieux à risques sont constitués par les restaurants , les hôtels, les salles de sports et les établissements religieux.Il est facile de comprendre dès lors que les vagues de contamination diminuent lorsque des mesures sont prises pour fermer ces établissements et que la vague augmente lorsque la fréquentation de ces lieux est à nouveau autorisée si des mesures de protection individuelle ne sont pas mises en place ou respectées.
Grâce à l'amélioration des connaissances sur le virus, les scientifiques envisagent déjà la nécessité de faire évoluer de manière périodique le vaccin de la Covid-19 pour prendre en compte d'éventuelles nouvelles souches de virus. Dans ce cas, les vaccins restent un pari sur la souche qui sera effective pendant la saison à venir, comme ce fût le cas en 2016 par exemple pour le vaccin de la grippe efficace à seulement 30%. Cette perspective explique que l'OMS notamment considère un vaccin réussi lorsqu'il est efficace à plus de 50% et que la Food and Drug Administration pourrait autoriser, dans le cas de la Covid-19, tout vaccin dont l'efficacité est supérieur à 50%
Le succès d'un vaccin réside donc dans son pourcentage d'efficacité mais également dans sa capacité à s'adapter aux mutations du virus. La découverte d'une chercheuse de l'université de Bar Ilan à Tel Aviv pourrait permettre de maintenir l'efficacité d'un vaccin même en cas de mutation du virus grâce à des segments de protéines, les épitopes, qui permettront de renforcer l'immunité face à la Covid-19 et ses possibles mutations.
Cette découverte participe à l'amélioration des connaissances sur les capacités de mutation du virus. Mais à l'heure actuelle, les données restent partielles sur la catégorie du virus de la Covid-19, un virus à ARN. Les scientifiques ont déjà la certitude que les virus à ARN ne sont pas stables et mutent rapidement. Cependant, dans le même temps, certaines des cellules disposent de la capacité à corriger des erreurs lorsque le virus se copie, ce qui permettrait de dire que le virus mute peu au final, et surtout qu'il muterait deux fois moins vite que le virus de la grippe. De plus, les études sur la mutation des virus concluant que les mutations atténuent la virulence du virus, il est possible d'espérer que la Covid-19 se comporte de même.
https://presse.inserm.fr/des-mutations-rendant-le-sars-cov-2-plus-dangereux-vraiment/41099/
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