Par Louis Torronde C19 News , 8 Novembre 2020
La Covid-19 est à l'origine de plus de 1.200.000 morts depuis l'apparition de la pandémie en décembre 2019. Ce chiffre va évoluer de manière régulière avant que des vaccins ou traitements soient trouvés et produisent leurs effets. Cette évolution
ininterrompue des cas positifs et des décès liés à la Covid-19, a conduit l'OMS à considérer la pandémie comme la 3ème maladie la plus mortelle au monde après la tuberculose et les maladies hépatiques. Cette classification est une réponse aux différentes lectures et interprétations de données sanitaires qui relativisent la dangerosité de la pandémie et sa comparaison avec d'autres maladies.
Ce constat est partagé à l'échelle des Etats-Unis par exemple où la Covid-19 arrive en tête des causes de mortalité devant les maladies cardiaques et le cancer.
https://www.scientificamerican.com/article/covid-19s-other-unnecessary-death-toll/
De plus, une étude européenne sur l'évolution de la mortalité en 2020 démontre clairement l'impact de la Covid-19 sur les décès par tranche d'âges et dans les pays les plus touchés par la pandémie, tels que la France, l'Italie, les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne ou l'Angleterre par exemple. https://euromomo.eu/graphs-and-maps/
En France, en particulier, le nombre de décès à augmenter dans les hôpitaux de plus 16% en mars/avril 2020 et de plus de 50% dans les maisons de retraites. De même le nombre décès des plus de 75 ans en France à augmenter d'environ 30% sur ces mêmes dates entre 2019 et 2020.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/4487861?sommaire=4487854
La situation est identique aux Etats-Unis où le nombre moyen de décès généralement constaté a été largement dépassé depuis avril 2020.
https://theconversation.com/up-to-204-691-extra-deaths-in-the-us-so-far-in-this-pandemic-year-143139
A l'échelle américaine, l'évolution de la pandémie fait clairement apparaître les différentes vagues et la façon dont elles ont touché les états américains : de mars à juin dans les états du Nord-Est, depuis juillet en Floride et au Texas ou sur toutes la période à partir de mars pour la Californie notamment.
https://www.nbcnews.com/health/health-news/coronavirus-deaths-united-states-each-day-2020-n1177936
La plupart des pays décident de mesures sanitaires pour protéger les populations mais aussi pour éviter la saturation de leur système de santé car ces systèmes ne sont pas calibrés pour faire face à des épisodes épidémiques sévères sur une durée relativement longue, même si les problématiques divergent selon les pays.
Dans le cas de la France par exemple, le pays a dû prendre des mesures pour compenser les choix successifs de réduction budgétaire qui ont conduit à diminuer le nombre de lits disponibles en privilégiant un fonctionnement en flux tendu avec un minimum de lits de réserve.
Dans le cas de l'Allemagne, le gouvernement a pris en compte un seuil de saturation plus élevé qu'en France en raison d'un nombre lits disponibles bien supérieur qui interroge sur son coût et sa surcapacité en temps normal.
L'Angleterre fait face à une autre problématique puisqu'une étude menée par le National Health Service met en lumière un nombre de décès important en raison des délais d'attente en temps normal, d'où le choix de la mise en place d'hôpitaux militaires en cas de saturation du système
http://www.slate.fr/story/185183/angleterre-5550-morts-attente-lit-hopital-sante-nhs
Ces mesures n'ont cependant pas empêché une certaine saturation des systèmes de santé de nombreux pays avec l'apparition de l'afflux important de malades. Il a été alors nécessaire d'organiser et prévoir une hiérarchisation dans les prises en charge des malades par le milieu hospitalier comme en France par exemple.
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-comment-sera-decide-le-tri-des-patients-admis-en-reanimation-si-les-hopitaux-arrivent-a-saturation_3873071.html
Les réponses apportées face à l'épidémie établissent un lien étroit entre nombre de lits disponibles et nombre de décès dans la population. Cette corrélation est nette pour certains pays, tels que l'Allemagne, le Japon et la Corée du Sud qui sont les pays ayant le plus de lits d'hôpital par habitant, et un nombre de décès parmi les plus faibles.
Pour l'Iran, l'Inde, le Mexique, le Brésil ou le Pérou la situation est inversée puisqu'il s'agit des pays au-delà de la 100ème place pour le nombre de lits d'hôpitaux et qui présentent un nombre de décès parmi les plus élevés.
D'autres variables sont à prendre en compte pour des pays en milieu de classement comme les Etats-Unis, les pays européens, la Nouvelle-Zélande ou le Canada : si la Nouvelle-Zélande se classe 81ème et le Canada 89ème pour les lits d'hôpitaux mais ils sont parmi les pays avec le moins de décès liés à la Covid, les mesures rapides de confinement sont à relier à ce classement. Pour les Etats-Unis et la Grande-Bretagne le faible nombre lits disponibles et la prise tardives de mesures de confinement s'accompagne d'un nombre de décès élevé.
Pour d'autres pays, tels que la France ou la Russie la différence observée entre le classement en nombre de lits d'hôpitaux, 20ème pour la France et 10ème pour la Russie, et le classement en nombre de décès, 5ème place pour la France et et 4ème place pour la Russie trouve son explication dans le retard pris pour mettre e œuvre les mesures de confinement.
https://www.indexmundi.com/g/r.aspx?v=2227&l=fr
Le nombre de lits d'hôpitaux ou les mesures de restriction ne sont pas les seules variables concernées car des pays se retrouvent également en difficulté en raison des modalités de financement de leur système de santé. Dans le cas des Etats-Unis par exemple, le financement du système et des personnels qui se fait principalement par les revenus tirés des interventions proposées aux patients. Avec l’afflux de patients liés à la Covid-19 ne nécessitant pas d'interventions techniques particulières, les sources de financement se tarissent ne permettant pas de financer une partie des personnels dédiés et réduisent la capacité de prendre en charge un nombre croissant de patients.
Par ailleurs, les pays ayant développé un faible niveau de protection sociale publique, comme aux Etats-Unis, voient un nombre de patients refuser l'accès aux soins car le coût à charge pour le patient reste trop important. https://www.journaldemontreal.com/2020/03/01/les-americains-sans-couverture-sante-facteur-aggravant-la-crise-du-coronavirus
Aux Etats-Unis en particulier ce système creuse les déficits : l'American Hospital Association estime la perte due à la Covid-19 pour le système sanitaire américain à 323 millions de dollars.
L’adaptation des services d'urgences et du système hospitalier varie d'un pays à l'autre, certains pays ont notamment développé des centres de soins décentralisés par rapport aux urgences des hôpitaux comme le rappelle Martin Hirsch, responsable de l'assistance publique – hôpitaux de Paris, alors que le système centralisé à la française met sous pression les hôpitaux français et saturent leur capacité d'accueil.
Les adaptation mises en oeuvre tendent toutes vers le même objectif commun, celui de concentrer les efforts sur les malades ayant une chance de recouvrer la santé. Certains pays ont fait le choix de hiérarchiser l'accueil dans les établissements de santé, de privilégier le transfert de patients entre les régions d'un même pays ou en faisant appel à la solidarité internationale pour accueillir des malades, comme ce fût le cas en France.
D'autres font le choix d'accueillir des personnels de santé étrangers pour venir compléter le personnel national, comme ce fut le cas pour l'Italie. D'autres encore privilégient l'installation d'hôpitaux de campagne et militaires, comme en Grande-Bretagne et à New York au printemps 2020.
Cependant, si l’impact de la Covid-19 sur la saturation de certains établissements de santé est réelle, les statistiques de mortalité restent délicates à évaluer notamment en début de pandémie et dans les maisons de retraites en particulier en l'absence de test et de comptage précis dès mars 2020. Dans de nombreux pays , l'absence de mesures rapides de distanciation sociale dans les maisons de retraites a été l'élément déclencheur du niveau élevé de mortalité au sein de ces établissements, comme ce fût le cas au Canada par exemple.
Il faudra attendre plusieurs mois ou plusieurs années pour tirer un bilan définitif de l'impact de la Covid-19 sur la mortalité de la population mondiale car les vagues de contaminations sont loin d'être terminées et qu'elles se poursuivront tant qu'un virus n'aura pas été découvert et que les recoupement sur les différentes causes de mortalité pendant la période où aura sévit le coronavirus n'aura pas pu être établit. Pour mémoire, il aura fallu attendre 4 ans en France pour avoir un bilan définitif de la mortalité liée à la canicule de 2003.
Louis Tourronde
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