Alors que le successeur du télescope Hubble a été lancé avec succès le 25 décembre 2021 et devrait atteindre sa destination finale fin janvier à 1,5 millions de kilomètres de la Terre pour commencer son travail d’observation, l’histoire de l’observation télescopique relève comme d’autres sujets d’une face bien connue et d’une face un peu oubliée.
Lorsque l’on fait référence aux télescopes, le premier nom qui vient à l’esprit est Galilée qui mit au point la première lunette astronomique en 1609.
Mais peu de temps avant Galilé, un astronome et mathématicien anglais, Thomas Harriot, un contemporain de Galiléé né en 1560, Galilé étant né en 1564, a été le premier à observer et reproduire une carte de la Lune.
Thomas Harriot est un scientifique éclectique car il prit d’abord part à une expédition dans le Nouveau Monde en 1585 et développa une grammaire de l’Algonquin. De retour en Angleterre, il établit la théorie mathématique de la projection cartographique de Mercator qui n’avait pas encore fait l’objet d’un développement empirique et théorique.
En tant que contemporain de Johannes Kepler, astronome allemand à l’origine de la découverte du mouvement des planètes qui permit d’élaborer les lois de la gravitation universelle de Newton et de Galilée, Thomas Harriot suivait leurs travaux et lorsqu’il apprit que Galilée travaillait sur une lunette d’approche ancêtre de la lunette astronomique, il décida de construire son propre exemplaire.
En 1609, il observe ainsi la Lune et en dessine les premiers croquis puis observe Jupiter et ses quatre satellites. Il parvient notamment à situer correctement la mer des Crises, la mer de la Fécondité et la mer de la Tranquillité sur la surface de la Lune.
Thomas Harriot est le précurseur de l’observation astronomique car il utilise un télescope 5 mois avant Galilée, en juillet 1609. Si l’Histoire a retenu Galilée c’est notamment parce qu’Harriot n’a pas publié ces travaux et n’a pas fait l’objet d’un procès comme ce fût le cas pour Galilée.
Cette discrétion lui a certainement permis de continuer à bénéficier de la rente très élevée que lui procurait un généreux mécène. Thomas Harriot fait ainsi parti des précurseurs qui ont permis à la science de progresser même si son nom apparaît moins souvent que celui d’autres astronomes.
Mais parfois, ce ne sont pas les premiers découvreurs qui retiennent l’attention qui peuvent rester dans l’ombre jusqu’à ce que l’Histoire le redonne une légitimité, comme pour le premier enregistrement d’un son est réalisé par Thomas Edison en 1877 alors que le français Edouard-Léon Scott de Martinville avait déposé un brevet de phonautographe en 1857, pour un prototype qui ne restituait pas le son ou pour le premier vol motorisé sans catapultage réalisé par les frères Wright en 1903 alors que le français Clément Ader a réalisé la même prouesse dans les années 1890 mais ne fût pas homologué et reste sujet à controverse.
Comment here