Les différents acteurs de la lutte contre la pandémie de la Covid-19 et la recherche de vaccins

La lutte contre la pandémie de la Covid-19 mobilisent des acteurs privés (laboratoires, fondations, industriels pharmaceutiques, des équipements de protection,…) et publics (gouvernements, universités, OMS, hôpitaux,…). La plupart se sont engagés dans une coopération pour trouver un vaccin contre la Covid-19. 

La recherche de vaccins contre la Covid19 s'appuient sur plusieurs expériences passées : les recherches commencées lors des épidémies de SRAS en 2002-2003 ou le MERS en 2012 (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), l'amélioration de l'efficacité de vaccins déjà existants contre d'autres coronavirus (félin, canin, porcin) ou d'autres virus (grippe, BCG,…). Toutefois, quelle que soit l'avancée de ses recherches, aucune n'a pour l'instant validée définitivement la phase des test chez l'être humain. Actuellement, la recherche d'un vaccin mobilise environ 35 entreprises et universités qui ont déjà lancé plus de 300 études cliniques. Ces études ont permis de commencer à développer plus de 150 vaccins dont 8 en phase 3 (https://www.infovac.ch/fr/les-vaccins/par-maladie/coronavirus-covid-19)

Le futur vaccin contre la Covid-19 se construit à partir 4 possibilités : soit en utilisant la recombinaison d'une protéine d'une cellule du virus, soit en utilisant un acide ribonucléique (ARN) proche de de l'ADN du virus, soit en modifiant le matériel génétique du virus (vaccin à vecteur), soit en inactivant le virus avant de l'injecter.

Préalablement à sa mise sur le marché le vaccin doit suivre 4 phases de développement avant de recevoir une autorisation  : la phase pré-clinique (étude de la molécule, ses effets sur les cellules et sur le comportement animal), la phase 1 (évaluer la tolérance et effet indésirable sur des sujets humains volontaires), la phase 2 (définir la dose optimale du médicament et ses effets sur moins de 500 malades) et la phase 3 (comparer l'efficacité du futur traitement à un traitement placebo ou un autre traitement de référence sur plusieurs milliers de personnes).

Les quantités de vaccins à produire sont telles que seules des grands groupes ont la capacités de trouver les capacités de production. Sanofi par exemple estime à 6 mois minimum les étapes de production, de conditionnement et de livraison auprès des populations concernée si toutes ces phases se déroulent selon le planning initial et ne connaissent pas d'échec à chacune des phases tests. (https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/coronavirus-la-fabrication-et-la-distribution-des-vaccins-en-5-questions-1206147).  

Les 8 projets de vaccins en phase 3 sont  :

CanSino Biologics (Chine)  sur la base d'un vaccin à vecteur. De nombreux effets secondaires sont apparus et l'efficacité semble limitée (« Les premiers résultats de ce vaccin contre le coronavirus sont mitigés »), 

Sinopharm (Chine) sur un la base d'un virus inactivé

Moderna (USA) sur la base d'un vaccin à base d'ARN. Des effets secondaires plus importants qu'avec d'autres vaccins sont apparus (https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/coronavirus-ou-en-sont-les-laboratoires-dans-la-course-au-vaccin-1223739)

Pfizer et BioNTech (Allemagne) sur la base d'un vaccin à base d'ARN, 

AstraZeneca (Grande-Bretagne) sur la base d'un vaccin à vecteur, a organisé sa chaîne de production pour proposer des vaccins fin 2020 (https://www.usinenouvelle.com/article/astrazeneca-fournira-a-l-europe-400-millions-de-doses-de-son-futur-vaccin-contre-le-covid-19.N975331)

Sinovac Biotech (Chine) sur la base d'un virus inactivé 

Janssen /Johnson&Johnson (Belgique) sur la base d'un vaccin à vecteur (https://www.rtbf.be/info/dossier/epidemie-de-coronavirus/detail_janssen-pharmaceutica-lance-officiellement-les-essais-cliniques-d-un-vaccin-contre-le-coronavirus?id=10550205)

la Russie développe un vaccin à vecteur  mais le manque de transparence sur les phases ne permet pas de prouver une efficacité contre le virus ( https://www.sudouest.fr/2020/09/11/voici-ce-que-nous-apprennent-les-resultats-des-essais-du-vaccin-russe-contre-le-coronavirus-7835039-7498.php)

15 autres projets environ de vaccins sont en phase 2, dont notamment :

Sanofi/GSK sur la base d'un vaccin à protéines recombinantes à partir du vaccin de la grippe (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/09/03/sanofi-et-gsk-commencent-les-tests-sur-l-homme-pour-leur-candidat-vaccin-contre-le-covid-19_6050833_3244.html)

Inovio Pharmaceuticals étudie un vaccin à base d'ADN et prévoit des essais à l'automne 2020 (https://www.sciencesetavenir.fr/sante/usa-resultats-preliminaires-positifs-pour-un-autre-vaccin-experimental-contre-le-covid-19_145608)

Novavax Inc sur la base d'un vaccin à protéines recombinantes (https://www.mypharma-editions.com/novavax-et-takeda-collaborent-sur-un-candidat-vaccin-contre-la-covid-19-au-japon)

CureVac sur la base d'un vaccin à ARN, et s'est associé à Tesla pour réduire les coûts de production du vaccin (https://www.industriepharma.fr/covid-19-tesla-va-fabriquer-les-imprimantes-a-arnm-pour-le-vaccin-de-curevac,111746)

D'autres recherches sont en cours de développement : 

le centre allemand de recherche sur les infections est en train d'adapter les recherches  menées sur le MERS pour proposer un vaccin contre la Covid-19 (https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/recherche-science/lessai-sur-un-vaccin-contre-le-mers-ouvre-la-voie-un-vaccin-contre-le-sars-cov-2)

En Israël, l'Institut de recherche biologique du ministère de la Défense annonce une phase 3 en octobre, « Gantz: Les essais du vaccin israélien contre le COVID-19 commenceront mi-octobre ») et  l'université de Tel-Aviv étudie un vaccin pouvant apprendre au système immunitaire de bloquer le virus lorsqu'il pénètre dans le corps (https://www.ami-universite-telaviv.com/index.php/2013-05-26-08-41-51/recherche/sciences/medecine/1204-un-vaccin-contre-le-coronavirus-d%C3%A9velopp%C3%A9-%C3%A0-l%E2%80%99universit%C3%A9-de-tel-aviv-brevet%C3%A9-aux-etats-unis)

Au Canada, le centre international des vaccins prévoit de commencer des tests sur l'être humain à l'automne 2020 (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1706057/furets-humains-maladie-sante-recherche-essais-clinique-vido-intervac-saskatchewan)

l'Institut Pasteur et d'autres laboratoires cherchent à améliorer le vaccin du BCG, https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/33193-Covid-19-vaccin-le-BCG-pourrait-proteger-virus

Parmi tous ces projets, notamment les 8 en phase 3, et compte tenu  des étapes franchies précédemment, les 4 qui paraissent les plus aboutis sont :

Le vaccin développé par AstraZeneca même si les tests ont été momentané arrêtés en raison de l'apparition d'un effet secondaire grave sur un sujet. Les test ont pu reprendre en Grande-Bretagne (https://www.numerama.com/sciences/646830-coronavirus-pourquoi-les-essais-du-vaccin-dastrazeneca-sont-mis-en-pause.html)

Le vaccin développé par Sinovac, même si rien n'a encore été publié sur les résultats des phases 1 et 2 (https://www.lindependant.fr/2020/08/23/covid-19-un-vaccin-chinois-developperait-des-anticorps-chez-97-des-personnes-en-un-mois-et-pour-2-ans-9031443.php)

Le vaccin développé par Moderna a démontré en phases 1 et 2 sa non-toxicité et la production d'anticorps. (https://www.wedemain.fr/Vaccins-et-traitements-contre-la-Covid-19-les-dernieres-avancees_a4614.html).

Le vaccin développé par Pfizer (avec BioNTech) permet de développer un taux d’anticorps neutralisants élevés. (https://www.industriepharma.fr/covid-19-resultats-positifs-pour-le-vaccin-de-pfizer-et-biontech,111721)

Ces deux derniers vaccins sont les seuls à proposer une phase 3 active au Etats-Unis (en vu d'une autorisation sur le marché américain) et à avoir publier les protocoles d'essais cliniques par souci de transparence.Les résultats de la phase 3 devraient être connus en octobre ou novembre et permettraient de rendre disponible le vaccins début 2021. (https://www.lefigaro.fr/flash-eco/covid-19-deux-fabricants-americains-de-vaccins-devoilent-les-regles-de-leurs-essais-cliniques-20200917)

Cependant, la découverte d'un ou de plusieurs vaccins ne signifiera pas pour autant la fin de la pandémie alerte  L'OMS car le vaccin pourrait seulement être efficace chez certaines personnes. D'où le recours à l'utilisation en parallèle de traitements existants (dont l'utilisation du plasma de patients guéris). Les médicaments ayant déjà démontrés leur efficacité dans des situations similaires sont notamment : la dexaméthasone, l'anakinra, la chloroquine, l'azithromycine, l'EIDD-2801 (déjà efficace sur le MERS et le SRAS), le remdesivir (utilisé pour Ebola) , l'ivermectine, l'avigan ou le tocilizumab (https://www.linternaute.com/actualite/guide-vie-quotidienne/2484525-vaccin-et-medicaments-contre-le-covid-ca-avance-ou-ca-recule-le-point-sur-les-etudes)

Tous ces traitements déjà éprouvés ou en phase de tests confirment bien que l'objectif n'est pas l'éradication du virus mais l'apprentissage du vivre avec comme pour le virus de la grippe saisonnière et de limiter au maximum ses effets graves, les réponses apportées pouvant varier d'une catégorie d'âge à l'autre ou en fonction des fragilités immunitaires des patients.

A l'inverse, la solution prônant l'immunité collectivité signifie qu'un pourcentage significatif de la population soit immunisée pour que le virus cesse de circuler (67 % pour la France par exemple). L'immunité collective étant atteinte généralement après 2 ou 3 vagues épidémiques, le coût calculé pour atteindre ce niveau se traduirait par un minimum de 100.0000 morts en France ("COVID-19, herd immunity : where are we?" publié dans Nature Reviews Immunology)

Une fois le ou les vaccins autorisés, la question de la production est cruciale afin d'être en mesure de proposer le nombre de doses suffisantes pour vacciner la population mondiale. Il est généralement admis un minimum de 2 doses par personnes et plus pour des publics fragiles. Bill Gates estime ainsi le besoin à un minimum de 7 milliards de doses pour couvrir environ 70% de la population. (https://www.futura-sciences.com/sante/breves/coronavirus-selon-bill-gates-il-faudra-moins-deux-doses-vaccin-personne-coronavirus-2950/). La fondation Bill et Melinda Gates est déjà très présente dans des projets d'amélioration des soins de la santé à travers le monde et s'associe également aux projets soutenus par l'OMS. Dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, la fondation Gates a par exemple apporté un soutien financier au coréen SK Bioscience pour développer et produire un vaccin. (https://pulsenews.co.kr/view.php?year=2020&no=765380). 

Par son engagement dans le domaine de la santé notamment, Bill Gates se voit régulièrement critiqué, comme lorsqu'un discours prononcé lors d'une conférence TED en 2015 sur les leçons à tirer d'Ebola prévenant que « si quelque chose tue plus de 10 millions de personnes sur Terre dans les prochaines décennies, il est fort probable que cela soit un virus contagieux, plutôt qu'une guerre » est repris dans des thèses complotistes et l'identifient comme un créateur de la Covid-19. Dans ce discours, Bill Gates faisait état des connaissances et des causes de forte mortalité dans le monde, tout comme une agence américaine du renseignement a pu alerter dès 2005 sur les risques d'un virus mortel venant de Chine au regard de la connaissance du terrain qu'elle avait à ce moment.(https://www.challenges.fr/entreprise/défense/ces-rapports-qui-anticipait-la-crise-du-coronavirus 703306)

Si la recherche d'un vaccin contre la Covid-19 est maintenant dans les mains des laboratoires pharmaceutiques, la lutte pour la prévention et contre la propagation du virus reste une attribution forte de l'OMS qui donne des recommandations pour combattre le virus, coordonne et aide à la prévention et au traitement en se tenant aux côtés des gouvernements. Cependant, le doute s'est installé auprès de certains dirigeants, occidentaux notamment, concernant l'impartialité et la fiabilité des recommandations données par l'OMS. Ces doutes viennent en premier lieu du mode de fonctionnement de l'OMS qui construit des normes et les communique sans avoir aucun pouvoir d'imposer les actions qu'elle recommande et n'intervient qu'en fonction des situations qui lui sont rapportées : elle ne questionne pas ses sources, ainsi lorsque la Chine rapporte que le virus ne se communique pas à l'homme, l'OMS communique cette information en l'état. Ces biais de fonctionnement se sont doublés d'un biais lié à la personne du directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, successeur de la chinoise Margaret Chan à ce poste, et éthiopien, pays dépendant fortement des investissements chinois.(https://www.europe1.fr/international/chine-et-crise-du-covid-19-l'oms-peut-être-sous-influence-de-ceux-qui-payent-le-plus-3985887)

Ces caractéristiques peuvent expliquer  pourquoi l'OMS, malgré des rapports taiwanais et de médecins chinois à Wuhan, à continuer de relayer les affirmations officielles chinoises de non transmission de la Covid-19 à l'homme jusqu'à fin janvier 2020. Des pays ont suivis ses recommandations, comme la France par exemple qui se s'engage pas dans la prise de mesures strictes avant le changement de position de l'OMS. Le poids géopolitique de la Chine et le diplomatiquement correcte au sein de l'OMS aident aussi à comprendre les décisions de l'OMS en janvier 2020 de déconseiller des restrictions générales en matière de voyages ou de commerce car ces restrictions impactant principalement la Chine. Et après la reconnaissance par la Chine sur son sol de la dangerosité du virus et l'entrée en vigueur de mesures très strictes, le directeur général de l'OMS n'a pu que saluer les mesures prises et les traduire en recommandations internationales. Ces positions initiales et l'absence d'autocritique sur le début de gestion de la crise continuent de porter ombrage au travail actuel de l'OMS. (https://www.institutmontaigne.org/blog/loms-la-pandemie-et-linfluence-chinoise-un-premier-bilan). Plus le temps passe, plus il apparaît que la Chine a délibérément tarder à communiquer des informations sur le virus à l'OMS qui considérait comme exactes et sûres les informations que lui relaient les officiels chinois. (https://www.france24.com/fr/20200602-coronavirus-une-enqu%C3%AAte-accuse-la-chine-d-avoir-tard%C3%A9-%C3%A0-livrer-des-informations-%C3%A0-l-oms)

La Covid-19 évoluera-t-elle comme le SRAS en 2003 ? Rien n'est moins sûr. Pour le SRAS, le premier patient apparaît en Chine en novembre 2002 et informe l'OMS en février 2003. Les masques respiratoires sont imposés pour les déplacement en public dans les principales villes concernées. En juillet 2003, l'épidémie est endiguée avec quelques résurgence jusqu'en 2004. Une personne infectée par le SRAS présente des symptômes généralement sous 3 jours, pouvant s'étaler jusqu'à 10 jour.s Des mesures stricte d'isolement, de contrôles et de protection ont permis de limiter la progression du virus. Petit à petit, l'ensemble des personnes infectés par le SRAS ont pu être isolées et le virus s'est éteint de lui même. 

En 2003, les propos du professeur Jean-Claude Manuguerra, virologiste à l'Institut Pasteur, repris par la revue médicale suisse, alertait  sur les dissimulations chinoises puisque les premiers cas sont apparus à la fin de l'année 2002 et que les autorités ont choisi de cacher le phénomène à un moment où l aurait été possible de le circonscrire. Il s'en est suivi une phase épidémique ascendante, difficilement maîtrisable et il anticipait qu'au fur et à mesure de sa dissémination dans la population, le SRAS allait trouver des moyens d'améliorer son mode de transmission, donnant un caractère de plus en plus contagieux à la maladie respiratoire. Ce même mécanisme s'est reproduit 17 ans plus tard avec la Covid-19.(https://www.revmed.ch/RMS/2003/RMS-2436/1060)

En octobre 2007, un article de Clinical microbiology reviews précise que le taux de létalité du SRAS a été de 10%. De plus, l 'important réservoir d'animaux contenant des coronavirus et la pratique de manger des mammifères exotiques dans le sud de la Chine constituent un risque avéré de contracter de nouveaux coronavirus. Il est d'autant plus recommandé de développer une culture de l'anticipation pour faire face à ces nouveaux défis. (https://cmr.asm.org/content/cmr/20/4/660.full.pdf)

Pour la Covid-19, l'origine est celle identifiée en 2003 (un mammifère exotique), et si le virus est moins mortel, il se propage à plus grande échelle et surtout les personnes infectées peuvent ne  présenter aucun symptôme extérieur, être asymptomatiques, ou développer des symptômes jusqu'à 2 semaines après avoir été contaminé. Ces caractéristiques expliquent que le virus circule plus et plus longtemps, sauf  à maintenir une quarantaine pour tous tant que le virus circule.(https://the conversation.com/la-mysterieuse-disparition-du-premier-virus-sras-et-pourquoi-il-nous-faudra-un-vaccin-pour-nous-débarrasser-du-deuxieme-137957)

Le point commun à la propagation des 2 virus est l'absence de transparence des autorités chinoises, les délais pris pour communiquer sur l'existence de la pandémie en Chine et la volonté de minimiser, dans un premier temps, la gravité de la situation. (https://www.franceinter.fr/monde/au-fait-comment-s-est-terminee-l-epidemie-de-sras-en-2003)

Une fois ces écueils surmontés, pour le SRAS comme pour la Covid-19, les mesures de protection individuelle, l'isolement, la généralisation des tests permettent de faire diminuer la propagation du virus jusqu'à sa disparition dans le cas du SRAS ou la découverte de vaccins et de traitements palliatifs efficaces, dans l'attente de la possible disparition du virus, dans le cas de la Covid-19.

 Louis Tourronde

Share on
Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Les différents acteurs de la lutte contre la pandémie de la Covid-19 et la recherche de vaccins


La lutte contre la pandémie de la Covid-19 mobilisent des acteurs privés (laboratoires, fondations, industriels pharmaceutiques, des équipements de protection,...) et publics (gouvernements, universités, OMS, hôpitaux,...). La plupart se sont engagés dans une coopération pour trouver un vaccin contre la Covid-19. 

La recherche de vaccins contre la Covid19 s'appuient sur plusieurs expériences passées : les recherches commencées lors des épidémies de SRAS en 2002-2003 ou le MERS en 2012 (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), l'amélioration de l'efficacité de vaccins déjà existants contre d'autres coronavirus (félin, canin, porcin) ou d'autres virus (grippe, BCG,...). Toutefois, quelle que soit l'avancée de ses recherches, aucune n'a pour l'instant validée définitivement la phase des test chez l'être humain. Actuellement, la recherche d'un vaccin mobilise environ 35 entreprises et universités qui ont déjà lancé plus de 300 études cliniques. Ces études ont permis de commencer à développer plus de 150 vaccins dont 8 en phase 3 (https://www.infovac.ch/fr/les-vaccins/par-maladie/coronavirus-covid-19)



Le futur vaccin contre la Covid-19 se construit à partir 4 possibilités : soit en utilisant la recombinaison d'une protéine d'une cellule du virus, soit en utilisant un acide ribonucléique (ARN) proche de de l'ADN du virus, soit en modifiant le matériel génétique du virus (vaccin à vecteur), soit en inactivant le virus avant de l'injecter.

Préalablement à sa mise sur le marché le vaccin doit suivre 4 phases de développement avant de recevoir une autorisation  : la phase pré-clinique (étude de la molécule, ses effets sur les cellules et sur le comportement animal), la phase 1 (évaluer la tolérance et effet indésirable sur des sujets humains volontaires), la phase 2 (définir la dose optimale du médicament et ses effets sur moins de 500 malades) et la phase 3 (comparer l'efficacité du futur traitement à un traitement placebo ou un autre traitement de référence sur plusieurs milliers de personnes).

Les quantités de vaccins à produire sont telles que seules des grands groupes ont la capacités de trouver les capacités de production. Sanofi par exemple estime à 6 mois minimum les étapes de production, de conditionnement et de livraison auprès des populations concernée si toutes ces phases se déroulent selon le planning initial et ne connaissent pas d'échec à chacune des phases tests. (https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/coronavirus-la-fabrication-et-la-distribution-des-vaccins-en-5-questions-1206147).  

Les 8 projets de vaccins en phase 3 sont  :

CanSino Biologics (Chine)  sur la base d'un vaccin à vecteur. De nombreux effets secondaires sont apparus et l'efficacité semble limitée (« Les premiers résultats de ce vaccin contre le coronavirus sont mitigés »), 

Sinopharm (Chine) sur un la base d'un virus inactivé

Moderna (USA) sur la base d'un vaccin à base d'ARN. Des effets secondaires plus importants qu'avec d'autres vaccins sont apparus (https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/coronavirus-ou-en-sont-les-laboratoires-dans-la-course-au-vaccin-1223739)

Pfizer et BioNTech (Allemagne) sur la base d'un vaccin à base d'ARN, 

AstraZeneca (Grande-Bretagne) sur la base d'un vaccin à vecteur, a organisé sa chaîne de production pour proposer des vaccins fin 2020 (https://www.usinenouvelle.com/article/astrazeneca-fournira-a-l-europe-400-millions-de-doses-de-son-futur-vaccin-contre-le-covid-19.N975331)

Sinovac Biotech (Chine) sur la base d'un virus inactivé 

Janssen /Johnson&Johnson (Belgique) sur la base d'un vaccin à vecteur (https://www.rtbf.be/info/dossier/epidemie-de-coronavirus/detail_janssen-pharmaceutica-lance-officiellement-les-essais-cliniques-d-un-vaccin-contre-le-coronavirus?id=10550205)

la Russie développe un vaccin à vecteur  mais le manque de transparence sur les phases ne permet pas de prouver une efficacité contre le virus ( https://www.sudouest.fr/2020/09/11/voici-ce-que-nous-apprennent-les-resultats-des-essais-du-vaccin-russe-contre-le-coronavirus-7835039-7498.php)



15 autres projets environ de vaccins sont en phase 2, dont notamment :

Sanofi/GSK sur la base d'un vaccin à protéines recombinantes à partir du vaccin de la grippe (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/09/03/sanofi-et-gsk-commencent-les-tests-sur-l-homme-pour-leur-candidat-vaccin-contre-le-covid-19_6050833_3244.html)

Inovio Pharmaceuticals étudie un vaccin à base d'ADN et prévoit des essais à l'automne 2020 (https://www.sciencesetavenir.fr/sante/usa-resultats-preliminaires-positifs-pour-un-autre-vaccin-experimental-contre-le-covid-19_145608)

Novavax Inc sur la base d'un vaccin à protéines recombinantes (https://www.mypharma-editions.com/novavax-et-takeda-collaborent-sur-un-candidat-vaccin-contre-la-covid-19-au-japon)

CureVac sur la base d'un vaccin à ARN, et s'est associé à Tesla pour réduire les coûts de production du vaccin (https://www.industriepharma.fr/covid-19-tesla-va-fabriquer-les-imprimantes-a-arnm-pour-le-vaccin-de-curevac,111746)


D'autres recherches sont en cours de développement : 

le centre allemand de recherche sur les infections est en train d'adapter les recherches  menées sur le MERS pour proposer un vaccin contre la Covid-19 (https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/recherche-science/lessai-sur-un-vaccin-contre-le-mers-ouvre-la-voie-un-vaccin-contre-le-sars-cov-2)

En Israël, l'Institut de recherche biologique du ministère de la Défense annonce une phase 3 en octobre, « Gantz: Les essais du vaccin israélien contre le COVID-19 commenceront mi-octobre ») et  l'université de Tel-Aviv étudie un vaccin pouvant apprendre au système immunitaire de bloquer le virus lorsqu'il pénètre dans le corps (https://www.ami-universite-telaviv.com/index.php/2013-05-26-08-41-51/recherche/sciences/medecine/1204-un-vaccin-contre-le-coronavirus-d%C3%A9velopp%C3%A9-%C3%A0-l%E2%80%99universit%C3%A9-de-tel-aviv-brevet%C3%A9-aux-etats-unis)

Au Canada, le centre international des vaccins prévoit de commencer des tests sur l'être humain à l'automne 2020 (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1706057/furets-humains-maladie-sante-recherche-essais-clinique-vido-intervac-saskatchewan)

l'Institut Pasteur et d'autres laboratoires cherchent à améliorer le vaccin du BCG, https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/33193-Covid-19-vaccin-le-BCG-pourrait-proteger-virus



Parmi tous ces projets, notamment les 8 en phase 3, et compte tenu  des étapes franchies précédemment, les 4 qui paraissent les plus aboutis sont :

Le vaccin développé par AstraZeneca même si les tests ont été momentané arrêtés en raison de l'apparition d'un effet secondaire grave sur un sujet. Les test ont pu reprendre en Grande-Bretagne (https://www.numerama.com/sciences/646830-coronavirus-pourquoi-les-essais-du-vaccin-dastrazeneca-sont-mis-en-pause.html)

Le vaccin développé par Sinovac, même si rien n'a encore été publié sur les résultats des phases 1 et 2 (https://www.lindependant.fr/2020/08/23/covid-19-un-vaccin-chinois-developperait-des-anticorps-chez-97-des-personnes-en-un-mois-et-pour-2-ans-9031443.php)

Le vaccin développé par Moderna a démontré en phases 1 et 2 sa non-toxicité et la production d'anticorps. (https://www.wedemain.fr/Vaccins-et-traitements-contre-la-Covid-19-les-dernieres-avancees_a4614.html).

Le vaccin développé par Pfizer (avec BioNTech) permet de développer un taux d’anticorps neutralisants élevés. (https://www.industriepharma.fr/covid-19-resultats-positifs-pour-le-vaccin-de-pfizer-et-biontech,111721)

Ces deux derniers vaccins sont les seuls à proposer une phase 3 active au Etats-Unis (en vu d'une autorisation sur le marché américain) et à avoir publier les protocoles d'essais cliniques par souci de transparence.Les résultats de la phase 3 devraient être connus en octobre ou novembre et permettraient de rendre disponible le vaccins début 2021. (https://www.lefigaro.fr/flash-eco/covid-19-deux-fabricants-americains-de-vaccins-devoilent-les-regles-de-leurs-essais-cliniques-20200917)


Cependant, la découverte d'un ou de plusieurs vaccins ne signifiera pas pour autant la fin de la pandémie alerte  L'OMS car le vaccin pourrait seulement être efficace chez certaines personnes. D'où le recours à l'utilisation en parallèle de traitements existants (dont l'utilisation du plasma de patients guéris). Les médicaments ayant déjà démontrés leur efficacité dans des situations similaires sont notamment : la dexaméthasone, l'anakinra, la chloroquine, l'azithromycine, l'EIDD-2801 (déjà efficace sur le MERS et le SRAS), le remdesivir (utilisé pour Ebola) , l'ivermectine, l'avigan ou le tocilizumab (https://www.linternaute.com/actualite/guide-vie-quotidienne/2484525-vaccin-et-medicaments-contre-le-covid-ca-avance-ou-ca-recule-le-point-sur-les-etudes)


Tous ces traitements déjà éprouvés ou en phase de tests confirment bien que l'objectif n'est pas l'éradication du virus mais l'apprentissage du vivre avec comme pour le virus de la grippe saisonnière et de limiter au maximum ses effets graves, les réponses apportées pouvant varier d'une catégorie d'âge à l'autre ou en fonction des fragilités immunitaires des patients.

A l'inverse, la solution prônant l'immunité collectivité signifie qu'un pourcentage significatif de la population soit immunisée pour que le virus cesse de circuler (67 % pour la France par exemple). L'immunité collective étant atteinte généralement après 2 ou 3 vagues épidémiques, le coût calculé pour atteindre ce niveau se traduirait par un minimum de 100.0000 morts en France ("COVID-19, herd immunity : where are we?" publié dans Nature Reviews Immunology)


Une fois le ou les vaccins autorisés, la question de la production est cruciale afin d'être en mesure de proposer le nombre de doses suffisantes pour vacciner la population mondiale. Il est généralement admis un minimum de 2 doses par personnes et plus pour des publics fragiles. Bill Gates estime ainsi le besoin à un minimum de 7 milliards de doses pour couvrir environ 70% de la population. (https://www.futura-sciences.com/sante/breves/coronavirus-selon-bill-gates-il-faudra-moins-deux-doses-vaccin-personne-coronavirus-2950/). La fondation Bill et Melinda Gates est déjà très présente dans des projets d'amélioration des soins de la santé à travers le monde et s'associe également aux projets soutenus par l'OMS. Dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, la fondation Gates a par exemple apporté un soutien financier au coréen SK Bioscience pour développer et produire un vaccin. (https://pulsenews.co.kr/view.php?year=2020&no=765380). 

Par son engagement dans le domaine de la santé notamment, Bill Gates se voit régulièrement critiqué, comme lorsqu'un discours prononcé lors d'une conférence TED en 2015 sur les leçons à tirer d'Ebola prévenant que « si quelque chose tue plus de 10 millions de personnes sur Terre dans les prochaines décennies, il est fort probable que cela soit un virus contagieux, plutôt qu'une guerre » est repris dans des thèses complotistes et l'identifient comme un créateur de la Covid-19. Dans ce discours, Bill Gates faisait état des connaissances et des causes de forte mortalité dans le monde, tout comme une agence américaine du renseignement a pu alerter dès 2005 sur les risques d'un virus mortel venant de Chine au regard de la connaissance du terrain qu'elle avait à ce moment.(https://www.challenges.fr/entreprise/défense/ces-rapports-qui-anticipait-la-crise-du-coronavirus 703306)


Si la recherche d'un vaccin contre la Covid-19 est maintenant dans les mains des laboratoires pharmaceutiques, la lutte pour la prévention et contre la propagation du virus reste une attribution forte de l'OMS qui donne des recommandations pour combattre le virus, coordonne et aide à la prévention et au traitement en se tenant aux côtés des gouvernements. Cependant, le doute s'est installé auprès de certains dirigeants, occidentaux notamment, concernant l'impartialité et la fiabilité des recommandations données par l'OMS. Ces doutes viennent en premier lieu du mode de fonctionnement de l'OMS qui construit des normes et les communique sans avoir aucun pouvoir d'imposer les actions qu'elle recommande et n'intervient qu'en fonction des situations qui lui sont rapportées : elle ne questionne pas ses sources, ainsi lorsque la Chine rapporte que le virus ne se communique pas à l'homme, l'OMS communique cette information en l'état. Ces biais de fonctionnement se sont doublés d'un biais lié à la personne du directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, successeur de la chinoise Margaret Chan à ce poste, et éthiopien, pays dépendant fortement des investissements chinois.(https://www.europe1.fr/international/chine-et-crise-du-covid-19-l'oms-peut-être-sous-influence-de-ceux-qui-payent-le-plus-3985887)

Ces caractéristiques peuvent expliquer  pourquoi l'OMS, malgré des rapports taiwanais et de médecins chinois à Wuhan, à continuer de relayer les affirmations officielles chinoises de non transmission de la Covid-19 à l'homme jusqu'à fin janvier 2020. Des pays ont suivis ses recommandations, comme la France par exemple qui se s'engage pas dans la prise de mesures strictes avant le changement de position de l'OMS. Le poids géopolitique de la Chine et le diplomatiquement correcte au sein de l'OMS aident aussi à comprendre les décisions de l'OMS en janvier 2020 de déconseiller des restrictions générales en matière de voyages ou de commerce car ces restrictions impactant principalement la Chine. Et après la reconnaissance par la Chine sur son sol de la dangerosité du virus et l'entrée en vigueur de mesures très strictes, le directeur général de l'OMS n'a pu que saluer les mesures prises et les traduire en recommandations internationales. Ces positions initiales et l'absence d'autocritique sur le début de gestion de la crise continuent de porter ombrage au travail actuel de l'OMS. (https://www.institutmontaigne.org/blog/loms-la-pandemie-et-linfluence-chinoise-un-premier-bilan). Plus le temps passe, plus il apparaît que la Chine a délibérément tarder à communiquer des informations sur le virus à l'OMS qui considérait comme exactes et sûres les informations que lui relaient les officiels chinois. (https://www.france24.com/fr/20200602-coronavirus-une-enqu%C3%AAte-accuse-la-chine-d-avoir-tard%C3%A9-%C3%A0-livrer-des-informations-%C3%A0-l-oms)


La Covid-19 évoluera-t-elle comme le SRAS en 2003 ? Rien n'est moins sûr. Pour le SRAS, le premier patient apparaît en Chine en novembre 2002 et informe l'OMS en février 2003. Les masques respiratoires sont imposés pour les déplacement en public dans les principales villes concernées. En juillet 2003, l'épidémie est endiguée avec quelques résurgence jusqu'en 2004. Une personne infectée par le SRAS présente des symptômes généralement sous 3 jours, pouvant s'étaler jusqu'à 10 jour.s Des mesures stricte d'isolement, de contrôles et de protection ont permis de limiter la progression du virus. Petit à petit, l'ensemble des personnes infectés par le SRAS ont pu être isolées et le virus s'est éteint de lui même. 

En 2003, les propos du professeur Jean-Claude Manuguerra, virologiste à l'Institut Pasteur, repris par la revue médicale suisse, alertait  sur les dissimulations chinoises puisque les premiers cas sont apparus à la fin de l'année 2002 et que les autorités ont choisi de cacher le phénomène à un moment où l aurait été possible de le circonscrire. Il s'en est suivi une phase épidémique ascendante, difficilement maîtrisable et il anticipait qu'au fur et à mesure de sa dissémination dans la population, le SRAS allait trouver des moyens d'améliorer son mode de transmission, donnant un caractère de plus en plus contagieux à la maladie respiratoire. Ce même mécanisme s'est reproduit 17 ans plus tard avec la Covid-19.(https://www.revmed.ch/RMS/2003/RMS-2436/1060)

En octobre 2007, un article de Clinical microbiology reviews précise que le taux de létalité du SRAS a été de 10%. De plus, l 'important réservoir d'animaux contenant des coronavirus et la pratique de manger des mammifères exotiques dans le sud de la Chine constituent un risque avéré de contracter de nouveaux coronavirus. Il est d'autant plus recommandé de développer une culture de l'anticipation pour faire face à ces nouveaux défis. (https://cmr.asm.org/content/cmr/20/4/660.full.pdf)

Pour la Covid-19, l'origine est celle identifiée en 2003 (un mammifère exotique), et si le virus est moins mortel, il se propage à plus grande échelle et surtout les personnes infectées peuvent ne  présenter aucun symptôme extérieur, être asymptomatiques, ou développer des symptômes jusqu'à 2 semaines après avoir été contaminé. Ces caractéristiques expliquent que le virus circule plus et plus longtemps, sauf  à maintenir une quarantaine pour tous tant que le virus circule.(https://the conversation.com/la-mysterieuse-disparition-du-premier-virus-sras-et-pourquoi-il-nous-faudra-un-vaccin-pour-nous-débarrasser-du-deuxieme-137957)


Le point commun à la propagation des 2 virus est l'absence de transparence des autorités chinoises, les délais pris pour communiquer sur l'existence de la pandémie en Chine et la volonté de minimiser, dans un premier temps, la gravité de la situation. (https://www.franceinter.fr/monde/au-fait-comment-s-est-terminee-l-epidemie-de-sras-en-2003)


Une fois ces écueils surmontés, pour le SRAS comme pour la Covid-19, les mesures de protection individuelle, l'isolement, la généralisation des tests permettent de faire diminuer la propagation du virus jusqu'à sa disparition dans le cas du SRAS ou la découverte de vaccins et de traitements palliatifs efficaces, dans l'attente de la possible disparition du virus, dans le cas de la Covid-19.



 Louis Tourronde

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest