Les compléments alimentaires contenant de la mélatonine sont largement utilisés comme aide à l’endormissement, et les deux années de pandémie ont conforté cette pratique. Plus l’utilisation de ce produit se démocratise, plus elle implique un risque supplémentaire pour que les enfants y soient exposés et en dix ans, il apparait que le nombre d’ingestion involontaire a fortement augmenté avec des conséquences parfois dramatiques pour la santé des enfants.
Les compléments à la mélatonine peuvent prendre la forme de comprimés, gélules, gouttes ou bonbons gélifiés et se retrouvent souvent entreposés dans des endroits auxquels les enfants peuvent avoir accès, y compris l’armoire à pharmacie. L’institut de santé publique aux États-Unis, les fameux centers of diseases control, indique ainsi que les empoisonnements à la mélatonine chez les enfants ont augmenté de plus de 500% en dix ans.
L’année de mise en place du suivi en 2012, 8.337 cas d’ingestion chez les enfants de moins de 19 ans avaient été recensés et ils sont montés à 52.563 en 2021, soit une augmentation de 530%. En dix, l’ingestion de mélatonine chez les enfants a représenté 2% de l’ensembles des ingestions pédiatriques traitées par les centres antipoison américains sur cette période, soit 260.435 enfants. La quasi-totalité des ingestions concernaient des enfants de moins de cinq ans qui avaient ingéré de la mélatonine dans la sphère familiale de manière involontaire.
Souvent sans conséquence grave, ces ingestions ont cependant nécessité une hospitalisation pour 27.000 enfants, dont 1% en soins intensifs pour des problèmes cardio-vasculaires, gastro-intestinaux ou neurologiques. Deux bébés de trois et treize mois sont même décédés des suites d’un excès de mélatonine. Les compléments alimentaires ne sont pas soumis aux mêmes contrôles que les produits de santé et le CDC précise que les informations affichées sur l’étiquette ne correspondent pas toujours à la composition réelle du produit, comme l’avait révélée une étude canadienne publiée en 2017 dans le Journal of Clinical Sleep Medecine.
Parmi les produits analysés et vendus au Canada, 71% avaient une composition différente de celle annoncée, y compris une grande hétérogénéité entre les lots d’un même fabricant. C’était notamment le cas pour les compléments vendus sous forme de gélule, qui constituent la catégorie la plus attirante et la plus facilement ingérable par les enfants. L’étude avait aussi mis en évidence la présence de sérotonine, un sous-produit de la mélatonine, en quantité suffisamment importante pour avoir des conséquences cliniques chez les enfants. Aussi, est-il fortement conseillé de stocker les compléments alimentaires hors de portée des enfants au même titre que d’autres produits dangereux pour la santé.
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