Le marché du bio a connu pendant longtemps une forte croissance avant que les consommateurs ne modifient leur comportement et que le secteur commence à reculer depuis 2021.
Les économistes aiment à rappeler que les arbres ne montent pas au ciel pour commenter un tendance lorsqu’un secteur ou une simple action connaît des performances hors du commun. Mais au vu de la croissance régulière à deux chiffres du marché des produits labellisés AB comparé au marché conventionnel, certains professionnels avaient commencé à se demander si le secteur du bio ne faisait pas exception à cet adage.
Sur les cinq dernières années, le marché du bio français a doublé de volume pour devenir, comme le précise Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, le deuxième plus gros marché d’Europe derrière l’Allemagne avec un chiffre d’affaires d’environ treize milliards d’euros en 2021 et la France est aussi devenue le premier producteur bio devant l’Espagne avec 2,5 millions d’hectares en agriculture biologique, soit entre 9 et 10% de la superficie des surfaces cultivées.
Avec l’arrivée de la pandémie et en analysant les tickets de caisse de l’année 2020, certains spécialistes estimaient que la croissance allait continuer à tendre vers de nouveaux sommets, les consommateurs semblant plébisciter le bio et être prêts payer plus cher en contrepartie d’un meilleur capital santé pour éviter une contamination à la Covid-19.
Passée 2020, cette hypothèse ne s’est confirmée et Pascale Hébel, économiste spécialiste de la consommation et directrice associée de la société de conseils C-Ways d’indiquer qu’en 2020 le bio a d’abord bénéficié des ruptures de stocks des produits conventionnels, les consommateurs se tournant vers le bio plus par obligation que par choix.
Émile Mayer, spécialiste de la consommation à l’IRI, l’institut de recherche et d’innovation, confirme qu’au début du confinement les français ont acheté en masse des produits de base, comme le lait, la farine ou les œufs qui sont des produits où le bio est bien représenté, ce qui a mécaniquement boosté les ventes.
De plus, une plus grande utilisation du drive pour faire ses courses a aussi avantagé le bio mieux représenté que le conventionnel dans ce circuit de distribution. L’IRI avait commencé à observer un tassement des ventes dès 2019, mais l’arrivée de la pandémie a momentanément masqué cette mécanique de baisse. Depuis le printemps 2021, la baisse de la consommation des produits bio en France se confirme pleinement.
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