Prime Minister Justin Trudeau talks with Chinese President Xi Jinping
Un analyste français interrogé sur la chaîne de télévision française LCI se dit choqué par les propos tenus lors du G20 par le président chinois Xi Jinping envers le premier ministre canadien Justin Trudeau, les chinois étant réputés pour être plutôt délicats dans leurs échanges oratoires.
Qualifiée d’incroyable, cette séquence montre en définitive à quel point les Chinois était en colère et elle est symptomatique du dialogue qui peut exister entre la Chine et beaucoup d’occidentaux, comme de la façon de se comporter lorsqu’un pays comme la Chine avec ces 1,4 milliard d’habitants en apostrophe un autre au détour d’une réunion telle que le G20.
La scène entre les deux dirigeants est qualifiée d’anthologie et a pu être filmée grâce aux caméras présentes sur place. On voit Justin Trudeau encaisser le choc et répondre avec professionnalisme à son interlocuteur. En temps normal, il n’y a pas de violence verbale au niveau des chefs d’États qui se côtoient à longueur de journée dans un sommet de type G20, et la première règle est de manière détendue et décontractée, et montrer que l’on reste entre hommes du monde.
Mais dans le cas présent, il s’agit d’une attaque frontale qui est qualifiée par l’expert sur le plateau de pouvant être dangereuse. Habituellement, le type de séquence entre les dirigeants chinois et canadien n’est pas publique et se produit plutôt en coulisse, comme lorsque Vladimir Poutine avait voulu impressionner Nicolas Sarkozy. Selon des diplomates, Poutine aurait comparé la taille des deux pays et aurait cherché à humilier le président français.
Dans le cas présent, la virulence des propos s’affiche devant les caméras et la Chine ne se prive pas de parler avec un ton peu amène au Canada. Le paradoxe est que dans les pays asiatiques et en Chine en particulier, avec le modèle confucéen, il existe la notion de perdre la face qui est une notion très complexe. Xi Jinping n’aurait ainsi jamais accepté que quelqu’un lui parle comme il l’a fait. En tant que confucéen et chinois, Xi Jinping sait qu’il humilie Justin Trudeau et ce faisant, indirectement les européens.
Selon l’expert, il y a la volonté d’envoyer un message extrêmement direct et violent aux européens, d’autant que le président chinois avait parlé un long moment auparavant avec le président américain. Cet échange est vu comme un moyen de faire payer son long entretien avec les États-Unis.
Dans le détail, Xi Jinping indique à Justin Trudeau que raconter aux journaux ce que les deux hommes s’étaient dit lors de leur conversation n’est pas appropriée et que ce qui a été rapporté n’est pas conforme à la manière dont la discussion s’est déroulée. Le président chinois considère que s’il y a de la sincérité entre les deux hommes, alors ils devraient avoir une discussion basée sur le respect mutuel, mais que si tel n’est pas le cas, il est difficile d’en attendre trop.
Justin Trudeau répond que le Canada croit à un dialogue libre, ouvert et franc et il souhaite continuer à travailler ensemble de manière constructive, mais précise qu’il y aura des choses sur lesquelles les deux pays ne seront pas d’accord. Le président chinois indique qu’il souhaite d’abord créer les conditions du dialogue, puis les deux hommes se séparent. Cet échange montre l’utilité des traducteurs, car lors d’un tel face à face, ils permettent de travailler la réponse, le traducteur joue le rôle d’amortisseur.
L’analyste interrogé sur LCI était aide de camp, sous les présidences de François Mitterrand et Jacques Chirac, mais il n’a jamais assisté à une telle scène parce que selon lui, François Mitterrand était respecté et Jacques Chirac ne se serait pas laissé faire. Il estime bien connaître la Chine et se dit vraiment étonné par l’attitude chinoise violente, directe, les yeux dans les yeux et que perdre la face ou la faire perdre à son interlocuteur s’apparente à une violence ultime. Il estime qu’il va falloir travailler sur les raisons qui ont conduit à cet échange verbal car il existe une réelle raison sous-jacente et cet échange n’est pas le fruit du hasard.
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