Lille accueillait pour deux jours  cette Convention des entreprises pour le climat (CEC), sous la verrière d’Euratechnologies, ancienne usine textile réhabilitée il y a 12 ans pour accueillir un incubateur, visaient à renverser les “business models”, la façon dont une entreprise génère des profits pour être viable.

“Comment construire sans consommer d’espace et sans consommer de matériaux ?” s’interroge ainsi Emmanuel Morizot, directeur de l’innovation du groupe Briand. Cette entreprise de 1.600 salariés construit d’immenses bâtiments pour les grandes surfaces ou l’industrie partout en France.

C’est une  activité qui consomme  du béton, d’acier, mais surtout d’espace au sol, qu’elle artificialise. En terme d’impact, “on est des bons pollueurs”, reconnait M. Morizot, convaincu que ce modèle “va dans le mur”.

Ce groupe de réflexion, avec 10 autres dirigeants, il liste librement, sans tabou, ses impacts négatifs pour mieux repenser son modèle: son entreprise pourrait demain rénover ou transformer du bâti existant, des friches, et concevoir des bâtiments modulaires ou démontables.

Règle du jeu des débats: “aller le plus loin possible, pousser le curseur au maximum”, explique Eric Duverger, initiateur de la CEC, entièrement organisée par des bénévoles, et qui doit se poursuivre avec quatre nouvelles rencontres d’ici juin 2022.

Au sein des discussions, les entreprises ne doivent plus émettre de carbone, faire une croix sur la ponction des ressources naturelles et avoir un impact positif sur l’environnement: en somme, aller “contre leur logique de maximisation des profits et leurs ‘business models’ linéaires (d’exploitation des ressources, ndlr), pour vraiment changer de paradigme”, poursuit-il.

Il manque a l’appel les grandes entreprises  du CAC 40

Cet ancien directeur marketing chez Michelin y voit une logique économique : “Les matières premières et l’énergie vont couter de plus en plus cher. Ceux qui arrivent à faire de manière frugale vont être gagnants dans le monde de demain. Aujourd’hui, les prix ne représentent pas le coût de ce qu’on ponctionne sur la nature”, souligne-t-il.

“C’est rude, car la simple amélioration de notre modèle ne suffira pas”, témoigne un chef d’entreprise pendant un atelier. “On nous pousse à une forme de radicalité, mais c’est intéressant car on est des entrepreneurs”, déclare un autre dirigeant.

Pour Eric Duverger, les entreprises restent “sur la réserve, alors qu’elles ont les hommes, les investissements. L’idée de la CEC, c’est de reprendre ce qui a fonctionné dans la convention citoyenne, le collectif”, pour ensuite faire naître “des leaders d’opinion”.

Convaincu, Emmanuel Morizot, du groupe Briand, est cependant inquiet de “la confrontation à la réalité, dans un marché guidé par des prix (et piégé par) ses modes d’appel d’offres, de contractualisation, qui ne laissent pas la place aux modèles alternatifs pour émerger”. “La vraie question, c’est qu’est ce que Vinci, Bouygues vont faire demain ? C’est à eux d’infléchir”, souligne-t-il.

Il ont  été pourtant invites , les groupes du CAC40, “organisés pour communiquer sur tout ce qu’ils font de bien et donner l’impression de faire le maximum” sont, en dehors du Crédit Agricole, les grands absents de cette convention, selon Eric Duverger.

Share on
Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

unnamed (95)

Le CAC 40 ignore le climat

 

Lille accueillait pour deux jours  cette Convention des entreprises pour le climat (CEC), sous la verrière d'Euratechnologies, ancienne usine textile réhabilitée il y a 12 ans pour accueillir un incubateur, visaient à renverser les "business models", la façon dont une entreprise génère des profits pour être viable.

"Comment construire sans consommer d'espace et sans consommer de matériaux ?" s'interroge ainsi Emmanuel Morizot, directeur de l'innovation du groupe Briand. Cette entreprise de 1.600 salariés construit d'immenses bâtiments pour les grandes surfaces ou l'industrie partout en France.

C'est une  activité qui consomme  du béton, d'acier, mais surtout d'espace au sol, qu'elle artificialise. En terme d'impact, "on est des bons pollueurs", reconnait M. Morizot, convaincu que ce modèle "va dans le mur".

Ce groupe de réflexion, avec 10 autres dirigeants, il liste librement, sans tabou, ses impacts négatifs pour mieux repenser son modèle: son entreprise pourrait demain rénover ou transformer du bâti existant, des friches, et concevoir des bâtiments modulaires ou démontables.

Règle du jeu des débats: "aller le plus loin possible, pousser le curseur au maximum", explique Eric Duverger, initiateur de la CEC, entièrement organisée par des bénévoles, et qui doit se poursuivre avec quatre nouvelles rencontres d'ici juin 2022.

Au sein des discussions, les entreprises ne doivent plus émettre de carbone, faire une croix sur la ponction des ressources naturelles et avoir un impact positif sur l'environnement: en somme, aller "contre leur logique de maximisation des profits et leurs 'business models' linéaires (d'exploitation des ressources, ndlr), pour vraiment changer de paradigme", poursuit-il.

Il manque a l'appel les grandes entreprises  du CAC 40

Cet ancien directeur marketing chez Michelin y voit une logique économique : "Les matières premières et l'énergie vont couter de plus en plus cher. Ceux qui arrivent à faire de manière frugale vont être gagnants dans le monde de demain. Aujourd'hui, les prix ne représentent pas le coût de ce qu'on ponctionne sur la nature", souligne-t-il.

"C'est rude, car la simple amélioration de notre modèle ne suffira pas", témoigne un chef d'entreprise pendant un atelier. "On nous pousse à une forme de radicalité, mais c'est intéressant car on est des entrepreneurs", déclare un autre dirigeant.

Pour Eric Duverger, les entreprises restent "sur la réserve, alors qu'elles ont les hommes, les investissements. L'idée de la CEC, c'est de reprendre ce qui a fonctionné dans la convention citoyenne, le collectif", pour ensuite faire naître "des leaders d'opinion".

Convaincu, Emmanuel Morizot, du groupe Briand, est cependant inquiet de "la confrontation à la réalité, dans un marché guidé par des prix (et piégé par) ses modes d'appel d'offres, de contractualisation, qui ne laissent pas la place aux modèles alternatifs pour émerger". "La vraie question, c'est qu'est ce que Vinci, Bouygues vont faire demain ? C'est à eux d'infléchir", souligne-t-il.

Il ont  été pourtant invites , les groupes du CAC40, "organisés pour communiquer sur tout ce qu'ils font de bien et donner l'impression de faire le maximum" sont, en dehors du Crédit Agricole, les grands absents de cette convention, selon Eric Duverger.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *