Soleil, sécheresse, canicules record pour l’été 2022, avec trois vagues de chaleur et 33 jours au total, une “préfiguration” d’un avenir marqué par le changement climatique et son cortège d’incendies, sécheresses et autres orages meurtriers.
La chaleur a amené avoir 2,3 °C au-dessus des normales de la période 1991-2020, il s’installe à la deuxième place des étés (juin-juillet-août en météorologie) les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en 1900, a annoncé Météo France mardi 30 août.
2003 reste l’été le plus chaud avec, 2,7 °C au-dessus des normales, mais l’année de la grande canicule est souvent considérée comme un “ovni météo”.
À partir de maintenant, les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir : sur les huit derniers étés, six sont dans le “top 10”.
“Une préfiguration” de l’avenir, a souligné Samuel Morin, directeur du Centre National de Recherches Météorologiques de Météo France, en présentant ce bilan. Vers 2050, “on s’attend à ce qu’à peu près la moitié des étés soient d’un niveau de températures comparable, voire supérieur”. Et ce, même si les émissions de gaz a effet de serre qui causent le réchauffement sont contenues.
En regardant les derniers mois, les conséquences en sont dramatiques : incendies ravageurs, y compris dans des zones jusque-là épargnées, sécheresses généralisées et amplification de phénomènes météo parfois meurtriers, orages ou inondations.
La première vague de chaleur a sévi dès juin, le plus précoce jamais vu dans le pays, suivi de deux autres de 14 jours chacun en juillet et août. Une durée totale de 33 jours, du jamais vu.
“Un long été, éprouvant, difficile”, a résumé Matthieu Sorel, climatologue à Météo France.
Au total, les records sont tombés à la pelle, avec 87 températures maximales dépassées localement, pulvérisant de nombreux records dans l’ouest et sur la façade Atlantique, souvent de plusieurs degrés.
Il faut voir aussi les 86 records de températures minimales, avec de nombreuses “nuits tropicales”, quand le mercure ne descend pas sous les 20 degrés, mettant à mal les organismes, privés de récupération. Nice vient de connaitre sa 61e nuit tropicale d’affilée !
Avec 43 °C, Arcachon a été le moment le plus chaud en France (loin toutefois des 46 °C en juin 2019 à Vérargues dans l’Hérault), mais le thermomètre s’est envolé jusque sur la côte d’Opale, avec 39,9 °C au Touquet le 19 juillet.
De plus, pas de pluie, la chaleur a favorisé la sécheresse qui touche la quasi-totalité du pays et rendu la végétation particulièrement inflammable. Résultat, une saison noire de feux de forêts avec 62.000 hectares ravagés depuis le début de l’année, contre une moyenne de 8.500 à même époque, selon les données du Système européen d’information sur les feux de forêt (EFFIS).
Le pays a connu des incendies inhabituels, comme celui de Landiras, dans le sud de la Gironde, un “méga-feu” qui a brûlé en deux fois et sur une durée d’un mois plus de 20.000 hectares. Et des feux jusque dans des lieux qu’on n’imaginait pas exposés, comme la mythique forêt bretonne de Brocéliande.
Plus grave, le monde agricole, avec certaines récoltes attendues en baisse (-18% pour le maïs, -20% pour la pomme de terre), conduisant le gouvernement à débloquer des aides.
De plus, des épisodes orageux impressionnants qui ont fait cinq morts en Corse le 18 août. Si de tels phénomènes météo exceptionnels ne sont pas directement imputables au changement climatique, il les rend “de plus en plus fréquents, sévères et intenses”, rappelle Samuel Morin.
Au total, entre les canicules à répétition et la crise énergétique, la question climatique s’est invitée dans le débat politique de la rentrée, l’exécutif appelant notamment à la “sobriété”.
“L’été que nous venons de passer est un puissant rappel à l’ordre”, a ainsi lancé lundi la Première ministre Elisabeth Borne, quelques jours après que le président Emmanuel Macron a estimé que le pays était confronté à une “grande bascule”.
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