La Terre ralentit et les jours s’allongent

 

Depuis 2020, les scientifiques observent un ralentissement du mouvement de la Terre sous l’influence de mouvements atmosphériques et évènements internes au globe. Au vu de ce phénomène, les scientifiques s’interrogent sur la nécessité d’insérer une seconde intercalaire négative, c’est-à-dire retirer une seconde au temps universel.

L’allongement de la durée du jour, mesuré par les horloges atomiques et confirmé par des mesures astronomiques, a une incidence sur la mesure du temps, mais aussi sur de nombreux outils modernes que nous utilisons au quotidien, comme le GPS par exemple. Les dernières décennies se caractérisaient par une accélération de la vitesse de rotation de la Terre autour de son axe avec conséquence de raccourcir nos journées, le jour le plus court ayant été observé le 29 juin 2022.

Mais depuis 2020, cette accélération s’est transformée en ralentissement sans qu’une explication certaine puisse être apportée. Le temps nécessaire à la Terre pour effectuer une rotation est de 24 heures, même si cette durée varie légèrement et peut être influencée par des tremblements de terre ou des tempêtes, si bien que la durée réelle d’un jour correspond rarement à 86.400 secondes.

Il y a des milliards d’années, le jour terrestre durait dix-neuf heures, mais avec les effets de friction associés aux marées provoquées par la Lune, la rotation de la Terre s’est ralentie, ajoutant environ 2,3 millisecondes à la longueur de chaque jour chaque siècle. Depuis les 20.000 dernières années, la fin de la période glaciaire provoque l’effet inverse et entraîne l’accélération de la rotation de la Terre. La fonte des calottes polaires réduit la pression à la surface et facilite le déplacement du manteau terrestre vers les pôles.

La masse du manteau qui se rapproche de l’axe de la Terre fait augmenter la vitesse de rotation de la Terre, de la même façon qu’un danseur tourne plus vite lorsqu’il rapproche les bras de son corps. Ce processus raccourcit d’approximativement 0,6 milliseconde chaque jour chaque siècle. Le lien entre l’intérieur et la surface de la Terre peut également modifier la longueur du jour, comme certains tremblements de terre, celui de Tōhoku au Japon en 2011 d’une magnitude de 8,9 a par exemple accéléré la rotation de la terre de 1,8 microseconde.

Le temps et le climat ont aussi une incidence sur la rotation de la planète et peuvent provoquer des variations dans les deux sens, tels que les cycles mensuels et bimensuels des marées qui déplacent la masse autour de la planète et vont provoquer des modifications de la durée du jour pouvant aller jusqu’à une milliseconde en plus ou en moins.

D’autres éléments impactent aussi la vitesse de rotation, le mouvement de l’atmosphère, les courants océaniques, la couverture neigeuse et les précipitations saisonnières ou encore l’extraction des eaux souterraines. Les scientifiques ont commencé à disposer d’estimations précises sur la vitesse de rotation de la Terre à partir des années 60, lorsque les opérateurs des radiotélescopes ont mis au point des techniques pour observer simultanément des objets cosmiques.

La comparaison entre ces relevés et une horloge atomique a mis en évidence un raccourcissement régulier de la longueur du jour depuis plusieurs années. Cependant, une fois enlevées les fluctuations de la vitesse de rotation dues aux marées et aux effets saisonniers notamment, il apparaît que la tendance à long terme soit passée depuis 2020 du raccourcissement à l’allongement.

Cette évolution est la plus importante observée au cours des cinquante dernières années et les explications restent encore de l’ordre des hypothèses à ce jour. Le ralentissement pourrait s’expliquer par des changements dans les systèmes météorologiques, par des phénomènes climatiques comme la Niña par exemple, ou par la fonte accrue des calottes glaciaires. L’éruption du volcan sous-marin des Tonga a été mis hors de cause, car elle s’est produite en janvier 2022.

Des scientifiques ont aussi émis l’hypothèse que le changement de la durée de rotation de la Terre serait lié à l’oscillation de Chandler, une déviation de l’axe de rotation d’une durée d’environ 430 jours, puisque des observations radio télescopiques montrent que l’oscillation a également diminué ces dernières années.

Mais ce changement pourrait aussi simplement venir des effets à longs termes des marées, combinés avec d’autres phénomènes périodiques. La connaissance précise de la vitesse de rotation de planète est essentielle pour le fonctionnement de nombreuses applications, comme les systèmes de navigation, et tous les deux à trois ans, des chronométreurs ajoutent des secondes intercalaires dans les échelles de temps officiels afin qu’elles ne se désynchronisent pas avec la planète.

Mais si la Terre devait voir ses jours augmenter, il pourrait être nécessaire d’intégrer une seconde intercalaire négative. Cette solution, si elle était retenue, aurait de graves conséquences sur les systèmes informatiques et les principales entreprises du secteur, comme Méta notamment, alertent sur les risques de blocage des systèmes et plaident par ailleurs pour la fin pure et simple des secondes intercalaires.

https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/physique-duree-jour-terre-allonge-scientifiques-ne-expliquent-pas-100393/

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La Terre ralentit et les jours s’allongent

 

Depuis 2020, les scientifiques observent un ralentissement du mouvement de la Terre sous l’influence de mouvements atmosphériques et évènements internes au globe. Au vu de ce phénomène, les scientifiques s’interrogent sur la nécessité d’insérer une seconde intercalaire négative, c'est-à-dire retirer une seconde au temps universel.

L’allongement de la durée du jour, mesuré par les horloges atomiques et confirmé par des mesures astronomiques, a une incidence sur la mesure du temps, mais aussi sur de nombreux outils modernes que nous utilisons au quotidien, comme le GPS par exemple. Les dernières décennies se caractérisaient par une accélération de la vitesse de rotation de la Terre autour de son axe avec conséquence de raccourcir nos journées, le jour le plus court ayant été observé le 29 juin 2022.

Mais depuis 2020, cette accélération s’est transformée en ralentissement sans qu’une explication certaine puisse être apportée. Le temps nécessaire à la Terre pour effectuer une rotation est de 24 heures, même si cette durée varie légèrement et peut être influencée par des tremblements de terre ou des tempêtes, si bien que la durée réelle d’un jour correspond rarement à 86.400 secondes.

Il y a des milliards d’années, le jour terrestre durait dix-neuf heures, mais avec les effets de friction associés aux marées provoquées par la Lune, la rotation de la Terre s’est ralentie, ajoutant environ 2,3 millisecondes à la longueur de chaque jour chaque siècle. Depuis les 20.000 dernières années, la fin de la période glaciaire provoque l’effet inverse et entraîne l’accélération de la rotation de la Terre. La fonte des calottes polaires réduit la pression à la surface et facilite le déplacement du manteau terrestre vers les pôles.

La masse du manteau qui se rapproche de l’axe de la Terre fait augmenter la vitesse de rotation de la Terre, de la même façon qu’un danseur tourne plus vite lorsqu’il rapproche les bras de son corps. Ce processus raccourcit d’approximativement 0,6 milliseconde chaque jour chaque siècle. Le lien entre l’intérieur et la surface de la Terre peut également modifier la longueur du jour, comme certains tremblements de terre, celui de Tōhoku au Japon en 2011 d’une magnitude de 8,9 a par exemple accéléré la rotation de la terre de 1,8 microseconde.

Le temps et le climat ont aussi une incidence sur la rotation de la planète et peuvent provoquer des variations dans les deux sens, tels que les cycles mensuels et bimensuels des marées qui déplacent la masse autour de la planète et vont provoquer des modifications de la durée du jour pouvant aller jusqu’à une milliseconde en plus ou en moins.

D’autres éléments impactent aussi la vitesse de rotation, le mouvement de l’atmosphère, les courants océaniques, la couverture neigeuse et les précipitations saisonnières ou encore l’extraction des eaux souterraines. Les scientifiques ont commencé à disposer d’estimations précises sur la vitesse de rotation de la Terre à partir des années 60, lorsque les opérateurs des radiotélescopes ont mis au point des techniques pour observer simultanément des objets cosmiques.

La comparaison entre ces relevés et une horloge atomique a mis en évidence un raccourcissement régulier de la longueur du jour depuis plusieurs années. Cependant, une fois enlevées les fluctuations de la vitesse de rotation dues aux marées et aux effets saisonniers notamment, il apparaît que la tendance à long terme soit passée depuis 2020 du raccourcissement à l’allongement.

Cette évolution est la plus importante observée au cours des cinquante dernières années et les explications restent encore de l’ordre des hypothèses à ce jour. Le ralentissement pourrait s’expliquer par des changements dans les systèmes météorologiques, par des phénomènes climatiques comme la Niña par exemple, ou par la fonte accrue des calottes glaciaires. L’éruption du volcan sous-marin des Tonga a été mis hors de cause, car elle s’est produite en janvier 2022.

Des scientifiques ont aussi émis l’hypothèse que le changement de la durée de rotation de la Terre serait lié à l’oscillation de Chandler, une déviation de l’axe de rotation d’une durée d’environ 430 jours, puisque des observations radio télescopiques montrent que l’oscillation a également diminué ces dernières années.

Mais ce changement pourrait aussi simplement venir des effets à longs termes des marées, combinés avec d’autres phénomènes périodiques. La connaissance précise de la vitesse de rotation de planète est essentielle pour le fonctionnement de nombreuses applications, comme les systèmes de navigation, et tous les deux à trois ans, des chronométreurs ajoutent des secondes intercalaires dans les échelles de temps officiels afin qu’elles ne se désynchronisent pas avec la planète.

Mais si la Terre devait voir ses jours augmenter, il pourrait être nécessaire d’intégrer une seconde intercalaire négative. Cette solution, si elle était retenue, aurait de graves conséquences sur les systèmes informatiques et les principales entreprises du secteur, comme Méta notamment, alertent sur les risques de blocage des systèmes et plaident par ailleurs pour la fin pure et simple des secondes intercalaires.

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