Louis Torronde , 29 Octobre 2020
La crise de la covid-19 entre dans sa troisième vague aux Etats-Unis, après une première vague sur la côte est et une deuxième vague dans les états du Sud et de l'Ouest, cette nouvelle vague concerne plutôt les états du Midwest. Il est fort probable que les autres pays verront arriver cette troisième vague à plus ou moins longue échéance, même à considérer que la gestion de la pandémie aux Etats-Unis a facilité l'émergence des vagues successives à travers le pays.
Il est certain que le Président Trump s'est différencié de ses homologues dans son approche de la Covid-19. Au début de la crise en mars 2020, le Président Trump a comparé la Covid-19 à une simple grippe, a encouragé ses concitoyens à vivre normalement, sans porter de masque, a privilégié la continuité de l'activité économique plutôt que des mesures de confinement strictes. C'est au niveau des gouvernements de chaque État que des décisions de confinement ont été prises dont New York. Pendant ce temps, d'autres pays décidaient de confiner globalement leur population, l'Italie, La France, l'Espagne, la Grande-Bretagne par exemple. Mais force est de constater que ces confinements n'ont pas empêché l'arrivée d'une deuxième vague à l'automne 2020. Dès lors, la gestion de crise semble avoir peu d'effet sur les vagues successives de la Covid-19, sauf si des avancées majeures sont faites sur le plan médical entre temps.
Dans les premiers temps de la pandémie et jusqu'à très récemment, le Président Trump a plutôt privilégié un discours uniquement combatif (« continuez à vivre normalement ».) et positif (« la Covid-19 disparaîtra aussi vite que la grippe ».) dont l'objectif était notamment de maintenir le leadership économique des Etats-Unis. Ce discours optimiste a donné le sentiment à une partie de la population qu'il ne tenait pas compte des américains victimes de la Covid-19, et ce ressenti a eu des répercussions dans les sondages. A cela, s'est ajouté le principe de réalité de la pandémie qui ne disparaissait pas et ne disparaîtrait certainement pas avant ou juste après les élections présidentielles. Ces éléments ont conduit le Président Trump à infléchir son discours pendant l'été.
Pour autant, une stratégie différente aurait-elle eu un impact différent ? Rien n'est moins sûr, au regard des stratégies adoptées et des évolutions de la pandémie dans les pays européens. Quelle aurait pu être la stratégie du candidat Biden si les rôles avaient été inversés ? Au vu de son programme de campagne, il est possible d'imaginer les mesures qui auraient pu être décidées : coordonner une réponse au niveau fédéral pour endiguer la Covid-19, créer des postes dans le milieu médical ou rembourser plus généreusement les frais liés à la Covid-19, par exemple.
En résumé, les mesures qu'auraient pu prendre le candidat démocrate se rapprochent fortement des mesures prises dans de nombreux pays européens et pour autant l'évolution de la Covid-19 dans ces pays n'a pas été significativement différente de celle observée aux Etats-Unis. En revanche, par des mesures ciblées et protectrices, une partie des américains auraient certainement eu le sentiment que leur gouvernement prenait plus soin d'eux et cherchait plus à les protéger, comme cela a pu s'observer dans les sondages de certains pays, tels que la Nouvelle-Zélande ou l'Allemagne par exemple.
Au regard des données publiées sur la Covid-19, les Etats-Unis peuvent soutenir la comparaison avec de nombreux pays même s'il s'agit du pays le plus le plus endeuillés avec plus de 220.000 morts devant le Brésil, le Mexique et le Royaume-Uni. Néanmoins, rapporté à la population (pour 100.000 habitants), les Etats-Unis se classe 9ème pays le plus endeuillé loin derrière le Pérou, la Belgique, le Brésil ou l'Espagne.
https://www.cnews.fr/monde/2020-05-24/graphique-quels-pays-comptent-le-plus-de-morts-du-coronavirus-par-rapport-leur
En terme, de cas confirmés, les Etats-Unis se trouvent en tête avec plus de 8 millions de cas graves contre 900.000 pour le Pérou, classé 10ème, mais rapporté à la population, cela représente presque 3% de la population pour le Pérou, 2,5% pour les Etats-Unis et 0,6% pour l'Inde, 2ème pays le plus touché au monde.
En terme, de guérison, le trio de tête est composé de l'Inde, le Brésil et les Etats-Unis, la France par exemple se classant 30ème et l'Espagne 24ème.
https://coronavirus.jhu.edu/map.html
Ces éléments éclairent sous un autre angle la gestion de la crise par le Président Trump qui peut être considérée comme inadaptée comme réponse à une approche plus humaine et une plus grande intervention de l'État fédéral. Mais qui apparaît, d'un point de vue factuel, au même niveau, voire meilleure, que celle de pays ayant des politiques sociales plus protectrices et interventionnistes, les décisions du Président Trump n'ayant pas plongées le pays dans une crise sanitaire pire que dans ces pays.
En terme économique, un premier bilan sur les deux premiers trimestres 2020, réalisé par l'OCDE met en évidence que les orientations économiques prises par le Président Trump ont permis de limiter la contraction du PIB des Etats-Unis, ce dernier s'étant contracté de 1,3% au 1er trimestre et 9,1% au 2ème trimestre alors que ces contractions sont respectivement de 3,3% et 11,4% pour l'Union européenne, et pouvant aller jusqu'à 20% au 2ème trimestre pour le Royaume-Uni.
https://www.oecd.org/fr/sdd/cn/g20-gdp-growth-Q2-2020-fr.pdf
En terme, de perspective, la banque nationale du Canada estime que la contraction du PIB sera plus limitée en 2020 aux Etats-Unis que dans les autres pays mais que la reprise en 2021 sera également plus faible, 2,8% aux Etats-Unis contre 5,5% dans la zone Euro par exemple. Cette différence tient notamment au marché de l'emploi moins protecteur aux Etats-Unis et aux incertitudes liées aux secteurs qui pourront recréer rapidement des emplois en fonction de l'évolution de la Covid-19 en 2021.
https://www.bnc.ca/content/dam/bnc/fr/taux-et-analyses/analyse-economique/mensuel-economique.pdf
Si le bilan économique du Président Trump continue à apparaître positif sur la période, la pandémie l'a amené à revoir son positionnement. Mais son discours reste combatif et une partie de son propos est désormais adopté par d'autres gouvernements pour améliorer le moral de leur concitoyen (« Ne le laissez pas vous dominer. N’en ayez pas peur, vous allez le battre »).
La crise de la Covid-19 a exacerbé les tensions aux Etats-Unis, comme dans d'autres pays, telle que la France avec les récents attentats islamistes, mais ces tensions étaient préexistantes et il est nécessaire d'apporter une réponse de fond et non pas seulement une réponse de crise. Dans le cas des Etats-Unis, la société et l'économie américaine se sont construites sur la libre entreprise et la réussite individuelle, les réponses à apporter devront s'inscrire dans ce contexte pour faire consensus. L'erreur serait d'utiliser la crise pour apporter des réponses théorisées et mises en œuvre dans d'autres contextes de temps et de société. Il s'agit notamment des programmes de relance par la dépense budgétaire, telle que le prévoit le programme démocrate avec une forte augmentation des dépenses de protection sociale, alors même que ces dépenses constituent déjà une part importante du déficit actuel.
Avec ce scénario, l'inflation pourrait augmenter et voir le pouvoir d'achat diminuer en l'absence de mesures pour augmenter le niveau des salaires. Mais, parallèlement, des mesures qui imposeraient une augmentation du salaire minimum aurait pour effet de freiner durablement la création d'emploi et donc la reprise. C'est exactement cette situation que connaissent certains pays européens depuis de nombreuses année avec une faible croissance chronique de leur PIB.
En ce sens, le positionnement du Président Trump, puis son repositionnement face à la Covid-19, dont le programme privilégie la baisse d'impôt pour créer de la richesse pour permettre de réduire les déficits, correspond bien à l'état d'esprit qui a façonné les Etats-Unis.
Enfin, deux autres aspects de la candidature démocrate pourraient faire basculer une partie des votes en faveur du Président Trump. Il s'agit d'une part du soutien de la société islamique d'Amérique du Nord, organisation issue de frères musulmans, au candidat démocrate et les relations entretenues par le parti démocrate avec les lobbys islamistes, alors que la pression et la dangerosité de l'Islam radical se renforcent à travers le monde.
Il s'agit d'autre part du projet environnemental du candidat démocrate qui prévoit le remplacement de l’extraction des énergies fossiles, et donc de la fracturation hydraulique pourvoyeuse de millions d'emplois, par des énergies renouvelables. Ce projet détruirait des nombreux d'emplois avant d'en récréer de nouveaux et il n'est pas certains que cette perspective satisfasse les américains dont les emplois dépendent de l'industrie pétrolière classiques en cette période de crise sanitaire et économique.
Louis Tourronde
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