Il faut noter que près d’un cas sur cinq de myocardite survenant après la vaccination contre le Covid-19 chez un adolescent ou un jeune adulte, le patient est admis en réanimation, selon une large série de cas nord-américaine publiée dans Circulation, dont les auteurs se veulent toutefois rassurants et relativisent l’impact de cette complication.
Plusieurs cas de myocardite après la vaccination contre le Covid-19 ont été rapportés, d’abord en Israël et aux Etats-Unis, touchant principalement les hommes de moins de 30 ans. Depuis l’autorisation du vaccin de Pfizer/BioNTech chez les 12-17 ans, des cas suspects de myocardite corrélés dans le temps à la vaccination ont aussi été rapportés chez les adolescents. Peu de données sont disponibles sur les symptômes, l’évolution clinique et le devenir à court terme de ces patients, soulignent les auteurs.
Dongngan Truong de l’University of Utah and Primary Children’s Hospital à Salt Lake City et ses collègues ont recueilli rétrospectivement les données de patients de moins de 21 ans qui se sont présentés avec des symptômes, des marqueurs biologiques et/ou des résultats d’imagerie suggérant une myocardite dans les 30 jours suivant la vaccination contre le Covid-19, dans 26 centres médicaux pédiatriques d’Amérique du Nord.
Dans cette etude sont inclus les patients ayant une suspicion clinique de myocardite, avec des taux élevés de troponine et présentant des anomalies à l’ECG ou de la fonction cardiaque à l’imagerie, ou des résultats d’IRM suggérant une myocardite (oedème myocardique, réhaussement tardif après injection de gadolinium). Les cas suspects de myocardite associée au vaccin ont été classés comme probables ou confirmés à partir de la définition des Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
Le jour de l’Independance Day soit le 4 juillet 2021, ils ont retenu 140 épisodes survenus chez 139 patients, dont l’un a présenté une suspicion de myocardite après chacune des deux doses du vaccin de Pfizer/BioNTech, avec une évolution plus sévère après la deuxième dose. Parmi ces cas, 49 (35%) ont été classés comme confirmés et 91 (65%) comme probables.
Dans 94,2% des cas, les patients avaient reçu le vaccin Comirnaty* (Pfizer/BioNTech), dans 3,6% des cas il s’agissait de Spikevax* (Moderna), et 1 cas avait reçu le vaccin de Janssen (Johnson & Johnson). Dans 2 cas, le nom du vaccin n’était pas connu.
Pratiquement la totalité des patients (91,8) se sont présentés après la 2e dose. Les symptômes sont apparus en médiane 2 jours après l’injection; chez 5 patients ils sont apparus entre 7 et 20 jours après et chez 1 patient plus de 20 jours après.
Le signe le plus courant, apparu chez tous les patients sauf 1, était la douleur thoracique. En outre, 31% ont développé une fièvre et 27,3% une dyspnée.
Au total 18,7% des patients ont été pris en charge en soins intensifs, mais seuls 1,4% ont reçu un traitement inotrope/vasoactif pour la récupération hémodynamique et aucun n’a nécessité d’oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO). Il n’y a eu aucun décès. La durée d’hospitalisation était en moyenne de 2 jours.
Sur l’ensemble des patients, différents régimes médicamenteux ont été utilisés, en particulier les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), mais l’échantillon n’était pas suffisamment grand pour analyser l’efficacité relative de ces régimes.
Les tachycardies ventriculaires et blocs cardiaques complets ont concerné 5,8% des patients et sont survenus en l’absence de dysfonction systolique ventriculaire sauf dans 1 cas.
Un peu moins de 20% des patients avaient une fraction d’éjection ventriculaire gauche réduite à la présentation. La fonction systolique s’est normalisée chez tous ceux qui avaient eu un ECG de suivi au moment de la soumission de l’article.
Les IRM répondaient aux critères de Lake Louise pour la myocardite (critères de diagnostic de la myocardite recommandés) dans 50,5% des cas, mais un réhaussement tardif au gadolinium était observé dans 76,3% des cas et un oedème myocardique dans 55,7% des cas.
La plupart des patients ont eu une évolution clinique bénigne, mais une surveillance à plus long terme est nécessaire afin de déterminer l’histoire naturelle de la myocardite associée dans le temps aux vaccins contre le Covid-19, estiment les auteurs.
Des atteintes cardiovasculaire et admissions en réanimation à mettre en balance avec celles des cas de Covid
Ils mettent en outre en balance les atteintes cardiovasculaires et les taux d’admission en soins critiques chez ces patients et ceux rapportés parmi les patients ayant développé un Covid-19.
Chez les patients ayant eu un syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS), de larges études ont montré que 73,8% avaient été admis en soins intensifs, 30 à 62% avaient nécessité une suppléance par agents inotropes/vasoactifs, 3,3% ont été mis sous ECMO et 1,9% sont décédés, rapportent les auteurs.
Chez les enfants et adolescents ayant un Covid-19 aigu, 43,8% des patients de moins de 21 ans hospitalisés ont dû être admis en soins intensifs dans une étude, dont 8,7% sous suppléance vasoactive, 1,4% sous ECMO et 1,4% sont décédés.
En outre, la fréquence de la dysfonction systolique ventriculaire gauche était plus faible dans cette série que celle rapportée par les patients atteints de PIMS, notent-ils.
Ils soulignent par ailleurs parmi les limites de leur étude, son caractère rétrospectif, le fait que les stratégies de prise en charge des suspicions de myocardite, comme les critères d’admission en réanimation, n’étaient pas standardisées et étaient propres à chaque centre, de même que les protocoles d’acquisition des images d’IRM.
De plus, les patients de cette série ont été examinés dans des centres académiques, et étaient donc “probablement plus gravement malades que les cas” examinés dans des centres communautaires, selon eux.
“En conclusion, notre série de cas démontre que la myocardite liée de manière temporelle à la vaccination contre le Covid-19 est caractérisée par un pathologie légère avec une résolution rapide des symptômes chez la plupart des patients”, écrivent-ils, insistant sur le manque de données d’évolution à long terme.
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