Auckland
Louisouis Torronde , 14 octobre 2020
L'un des pays industrialisés qui connaît la crise de la Covid-19 la moins sévère est le Nouvelle-Zélande.
Cette réussite s'explique d'une part par le caractère insulaire du pays, il est plus facile de filtrer les éventuels arrivants contaminés lorsque les points d'entrées sont très limités et d'autre part parce que le gouvernement néo-zélandais a fait le choix dès les premières apparition du virus sur son sol, d'une politique extrêmement ferme sur le plan sanitaire. Dès la mi-mars et avant le 1er décès, le pays a fermé toutes les entreprises non-essentielles, les écoles et a annulé tous les rassemblements et événements, les travailleurs non-essentiels n'étant autorisés à quitté leur domicile uniquement pour des exercices physiques.
A titre d'exemple l'Australie et la Grande-Bretagne, autres nations insulaires, ont connu des contaminations plus importantes car ces pays ont privilégiés, du moins dans un premier temps, la libre circulation des personnes et le maintien de l'activité économique plutôt qu'un contrôle strictes des déplacements.
Londres
Sidney
La contrepartie pour la Nouvelle-Zélande est un fort recul du PIB à plus de 12% au deuxième trimestre 2020, contre 7% pour l'Australie par exemple, mais ce choix de privilégier la santé plutôt que l'économie a été compris et accepté par la population.
Tous les gouvernements ne connaissent pas le même soutien de sa population, comme en France notamment, et sont plutôt confrontés à de systématiques remise en questions et discussions des décisions prises, à des consignes non respectées par une frange de la population et qui a un impact sur l'évolution globale de la propagation du virus. En Nouvelle-Zélande, rien de cela, les choix sont approuvés, aussi sévères soient-ils et surtout sont appliqués. Le résultat est net, le pays comptabilise 25 décès pour 5 millions d'habitants, contre 816 décès en Australie pour 25 millions d'habitants.
D'autres pays voient la propagation du virus limitée alors que les prévisions prévoyaient une catastrophe. Il s'agit principalement des pays du continent africains qui compte fin septembre 1,4 millions de cas confirmé et 35.000 décès pour 1 milliards d'habitants alors que l'Europe compte 5 millions de cas confirmés et 230.000 morts pour 800 millions d'habitants.
Les bons résultats de l'Afrique s'expliquent notamment par la faible densité de la population et la moyenne d'âge de la population africaine (la plupart des infections à la Covid-19 concernent des personnes de moins de 60 ans et se révèlent être asymptomatiques). Mais des scientifiques en Afrique et aux Etats-Unis, tels que Shaun Truelove, expert à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, commencent aussi a envisager la possibilité d'une immunité croisée liée à d'autres contagions par des coronavirus par le passé, de même que des raisons sociologiques car les relations entre individus se font plus en extérieur en Afrique et plutôt en milieu clos en Europe et dans les pays industrialisés, pour expliquer ces différences d'évolution de la Covid-19.
Le Continent Africain
Les pays africains, tout comme la Nouvelle-Zélande, sont également des pays moins connectés aux échanges internationaux et qui ont pris très rapidement des mesures strictes de limitation des déplacements et des rassemblements. En parallèle et en contrepartie, ces pays subissent déjà ou vont vraisemblablement subir un effet plus important de la contraction de l'activité économique et pour l'Afrique notamment des effets importants liées à la malnutrition et à la détérioration des campagnes habituelles de santé publique.
La génétique s'invite également pour expliquer la diversité de la propagation de la Covid-19 à travers le monde. Des chercheurs belges ont mis en évidence un lien entre un gène plus résistant à la Covid-19 (ACE1) qui serait plus présent dans la population d'Europe du Nord et de l'Est.
De plus, des chercheurs de l'Institut Max Planck en Allemagne ont récemment mis en évidence une typologie de gènes qui augmente le risque d'aggravation de la Covid-19.Cette nouvelle découverte s'appuie sur les conclusions d'une étude franco-américaine concernant les effets de l'un des 23 chromosomes du génome humain, le chromosome 3 , sur les formes graves de la Covid-19. Ces gènes, hérités de l'homme de Néandertal, sont présents la dans population d'Asie du Sud, pour 50% d'entre elle, et dans la population d'Europe, pour 16% d'entre elle, mais ces mêmes gènes sont absents de la populations africaines et d'Asie de l'Est.
Il est également intéressant de prendre en considération l’article par le centre de recherche du CHU Sainte-Justine de Montréal intitulé «Genetic ancestry and natural selection drive population differences in immune responses to pathogens in humans» publié dans la revue Cell le 20 octobre 2016 qui présente les différences de réponses immunitaires entre des américains d'ascendance africaine et d'ascendance européennes. Cette étude montre que les américains d'origine africaine ont une réponse immunitaire aux infections plus forte que ceux d'ascendance européenne et que ces différences de réponses immunitaires sont pour la plupart d'origine génétique, héritées de notre ancêtre Néandertal. Le professeur Barreiro, directeur de l'étude, précise : « le système immunitaire des Afro-Américains réagit différemment, mais on ne peut pas conclure qu'il est meilleur, car une réponse immunitaire plus forte comporte aussi des effets négatifs,…. Une inflammation trop forte peut aussi endommager les organes et laisser des séquelles. Bref, une réponse immunitaire forte dans un certain contexte peut être avantageuse, mais inappropriée dans un autre contexte. »
Montréal – Quebec
Ainsi, la contagion à la Covid-19 résulte aussi de bien raisons génétiques, sur lesquelles l'individu n'a pas de prise et aident à comprendre pourquoi certaines régions du monde sont plus touchées que d'autres quelque soit le système de santé proposé (péninsule indienne, Europe ou Amérique du Nord), de raisons sociétales, les modes de développement et de communication de la société dans laquelle vit chaque individu peut faciliter la transmission du virus (sociétés fortement internationalisées comme en Europe ou en Amérique du Nord), et de choix individuels, le respect des consignes définis par les autorités qui gouvernent permettant de limiter la propagation de la Covid-19 (certains pays d'Europe ou les Etats-Unis par exemple). Enfin, des pays cumulent d'autres problématiques qui viennent s'additionner pour amplifier la situation liée à la Covid-19, crise économique, crise du système de santé, décisions des gouvernements, … il s'agit notamment des pays d'Amérique Latine comme le Pérou, le Brésil ou l'Argentine parmi les touchés.
Louis Tourronde
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