Une crise économique anachronique

Lorsqu’une société connaît une crise de l’ampleur de celle de la pandémie, avec l’arrêt total ou partiel de l’activité pendant de nombreux mois, son économie devrait s’effondrer pour renaître de ses cendres une fois la crise terminée.

Avec la coronavirus, le repères classiques semblent être devenus obsolètes, car sur le plan économique si le PIB de la France par exemple a chuté de 8% en 2020, le nombre de défaillance d’entreprise a au contraire reculé de 30% entre 2019 et 2020 et le marché de l’emploi a pu se stabiliser. Cette relative bonne santé est à mettre au crédit du « quoi qu’il en coûte » du gouvernement français qui a soutenu massivement les entreprises d’un côté et leur a permis de recourir massivement au chômage partiel de l’autre.

Cette facilité a même permis au chômage de diminuer de 2,7% au 4ème trimestre 2020. Parallèlement, les facilités d’accès au crédits ont permis à l’investissement des entreprises de se stabiliser et d’envisager de manière plutôt sereine la reprise d’après crise.

..

..• Crédits: OCDE

Malgré ses nouvelles encourageantes, la France, et plus largement la zone euro, devraient moins profiter de la reprise en 2021 que les Etats-Unis et les pays asiatiques notamment. Cette différence n’est pas uniquement liée aux incertitudes qui pèsent sur l’évolution du virus et de la vaccination mais aussi à la structure même du tissu industriel et du contexte économique européen.

Pour la France par exemple, les entreprises sont massivement endettées, avec une dette de plus de 2.000 milliard d’euros, et ont bénéficié de nombreux et réguliers reports de paiement des cotisations sociales qu’il faudra prochainement régulariser. Ainsi,des entreprises qui semblent avoir résisté à la pandémie pourraient ne pas résister à une reprise normale de l’activité dès lors où il faudrait effacer toutes les perfusions accordées pendant la crise.

L’inquiétude liée à ces défaillances prévisibles mises en avant par le centre national de la productivité explique que certaines instances et économistes français appellent soit purement et simplement à l’effacement des dettes liées à la crise de la Covid-19, soit à la restructuration des dettes contractées.

Face à la crise, le prêt rebond aide les entreprises à améliorer leur trésorerie en soutenant les fonds de roulement

Face à la crise, le prêt rebond aide les entreprises à améliorer leur trésorerie en soutenant les fonds de roulement – Crédits : elenabs /iStock

Un des raisons avancées est liée à la structure du tissu économique français, composé en majorité de petites et très petites entreprises (PME et TPE) qui ne disposent pas des capacités pour soutenir les chocs qu’annoncent la reprise économique. Le marché du travail pourrait connaître une embellie de courte durée car là aussi les principaux pourvoyeurs d’emplois sont les PME/TPE françaises qui ont subi la deuxième vague de l’épidémie plus durement que les plus grosses entreprises et qui pourraient freiner largement leur projet d’embauche, voire licencier pour s’assurer une viabilité d’après-crise.

Déjà en janvier 2021, un peu moins d’un jeune diplômé bac+5 sur deux n’avait pas trouvé de travail 6 mois après être sorti de l’université contre un sur quatre avant la crise. L’investissement des entreprises dépendra quant à lui des taux de marges que peuvent dégager les entreprises après la crise.

C’est pour éviter une crise post- pandémie que des instances telles que l’observatoire français des conjonctures économiques ou l’Institut Montaigne, de tendance pourtant plutôt libérale, plaident pour une augmentation de l’endettement public pour soutenir la reprise économique, et ce d’autant que le poids des intérêts de la dette baisse en continu depuis plusieurs années.

Alors que le poids de la dette augmente, avec un niveau record de plus de 120% du PIB en 2021, le poids des intérêts à payer est passé de 45 milliard en 2017 à 26 milliard en 2020. Au regard de ces éléments, c’est certainement à ce prix que la France et l’Europe pourront rester compétitives face aux autres grandes nations. Et ce n’est qu’à la sortie certaine de la crise qui semble se dessiner pour la fin de l’année 2021 ou le début 2022 qu’il sera possible de dire si les mesures prises étaient les bonnes.

Cette prospective n’étant réaliste que si la vaccination continue de progresser et que les vaccins restent efficaces contre les variants.

 
 
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Une crise économique anachronique

Lorsqu'une société connaît une crise de l'ampleur de celle de la pandémie, avec l'arrêt total ou partiel de l'activité pendant de nombreux mois, son économie devrait s'effondrer pour renaître de ses cendres une fois la crise terminée.

Avec la coronavirus, le repères classiques semblent être devenus obsolètes, car sur le plan économique si le PIB de la France par exemple a chuté de 8% en 2020, le nombre de défaillance d'entreprise a au contraire reculé de 30% entre 2019 et 2020 et le marché de l'emploi a pu se stabiliser. Cette relative bonne santé est à mettre au crédit du « quoi qu'il en coûte » du gouvernement français qui a soutenu massivement les entreprises d'un côté et leur a permis de recourir massivement au chômage partiel de l'autre.

Cette facilité a même permis au chômage de diminuer de 2,7% au 4ème trimestre 2020. Parallèlement, les facilités d'accès au crédits ont permis à l'investissement des entreprises de se stabiliser et d'envisager de manière plutôt sereine la reprise d'après crise.

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..• Crédits: OCDE

Malgré ses nouvelles encourageantes, la France, et plus largement la zone euro, devraient moins profiter de la reprise en 2021 que les Etats-Unis et les pays asiatiques notamment. Cette différence n'est pas uniquement liée aux incertitudes qui pèsent sur l'évolution du virus et de la vaccination mais aussi à la structure même du tissu industriel et du contexte économique européen.

Pour la France par exemple, les entreprises sont massivement endettées, avec une dette de plus de 2.000 milliard d'euros, et ont bénéficié de nombreux et réguliers reports de paiement des cotisations sociales qu'il faudra prochainement régulariser. Ainsi,des entreprises qui semblent avoir résisté à la pandémie pourraient ne pas résister à une reprise normale de l'activité dès lors où il faudrait effacer toutes les perfusions accordées pendant la crise.

L'inquiétude liée à ces défaillances prévisibles mises en avant par le centre national de la productivité explique que certaines instances et économistes français appellent soit purement et simplement à l'effacement des dettes liées à la crise de la Covid-19, soit à la restructuration des dettes contractées.

Face à la crise, le prêt rebond aide les entreprises à améliorer leur trésorerie en soutenant les fonds de roulement

Face à la crise, le prêt rebond aide les entreprises à améliorer leur trésorerie en soutenant les fonds de roulement - Crédits : elenabs /iStock

Un des raisons avancées est liée à la structure du tissu économique français, composé en majorité de petites et très petites entreprises (PME et TPE) qui ne disposent pas des capacités pour soutenir les chocs qu'annoncent la reprise économique. Le marché du travail pourrait connaître une embellie de courte durée car là aussi les principaux pourvoyeurs d'emplois sont les PME/TPE françaises qui ont subi la deuxième vague de l'épidémie plus durement que les plus grosses entreprises et qui pourraient freiner largement leur projet d'embauche, voire licencier pour s'assurer une viabilité d'après-crise.

Déjà en janvier 2021, un peu moins d'un jeune diplômé bac+5 sur deux n'avait pas trouvé de travail 6 mois après être sorti de l'université contre un sur quatre avant la crise. L'investissement des entreprises dépendra quant à lui des taux de marges que peuvent dégager les entreprises après la crise.

C'est pour éviter une crise post- pandémie que des instances telles que l'observatoire français des conjonctures économiques ou l'Institut Montaigne, de tendance pourtant plutôt libérale, plaident pour une augmentation de l'endettement public pour soutenir la reprise économique, et ce d'autant que le poids des intérêts de la dette baisse en continu depuis plusieurs années.

Alors que le poids de la dette augmente, avec un niveau record de plus de 120% du PIB en 2021, le poids des intérêts à payer est passé de 45 milliard en 2017 à 26 milliard en 2020. Au regard de ces éléments, c'est certainement à ce prix que la France et l'Europe pourront rester compétitives face aux autres grandes nations. Et ce n'est qu'à la sortie certaine de la crise qui semble se dessiner pour la fin de l'année 2021 ou le début 2022 qu'il sera possible de dire si les mesures prises étaient les bonnes.

Cette prospective n'étant réaliste que si la vaccination continue de progresser et que les vaccins restent efficaces contre les variants.

  
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