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La dépendance aux énergies fossiles entraîne des conséquences négatives à la fois sur le dérèglement climatique, l’autonomie économique, la maîtrise des dépenses avec un impact sur le pouvoir d’achat et sur la souveraineté nationale et européenne selon plusieurs dirigeants français de l’énergie.
Le constat et les propositions qui en ressortent au travers de la tribune qui a été rédigée et publié par le magazine l’Express rappellent la fragilité du système actuel et la nécessité d’en sortir rapidement.
Le conflit en Ukraine a mis en évidence la fragilité de l’équilibre géopolitique dans la région et a très concrètement eu pour effet immédiat une hausse du prix des énergies, gaz et pétrole notamment, qui atteignent des niveaux historiques.
Déjà depuis la fin de l’année 2021, le prix des énergies fossiles avait fortement augmenté sous le coup de l’évolution du marché du carbone et de la reprise économique. Cette situation démontre la nécessité pour un pays comme la France et plus largement pour l’Europe, d’accélérer la transition énergétique pour tendre vers la neutralité carbone en 2050 et réduire la dépendance aux énergies fossiles.
La France produit déjà une énergie électrique fortement décarbonée mais reste dépendante pour plus de 60% de sa consommation énergétique de produits pétroliers et gaziers.
Les effets de cette dépendance vis-à-vis de pays tiers, au-delà de l’impact climatique, rendent la France vulnérable aux enjeux géopolitiques et aux effets de décisions qu’elle ne maîtrise pas, réduisent sa marge de manœuvre et creusent son déficit. L’importation massive d’énergie fossile, pour 45 milliards d’euros en 2019 par exemple, impacte les comptes publics et le pouvoir d’achat car, avec le prix du gaz en constante augmentation, la facture énergétique ne cesse elle aussi d’augmenter.
Les récentes évolutions du marché de l’énergie mettent un terme au mythe selon lequel les énergies fossiles sont abondantes, peu chères et pratiques mais nécessitent de s’interroger sur l’implication de la dépendance à ces énergies et sur les moyens à mettre œuvre pour s’en sortir.
Cela passe par plus d’explication sur les impacts de la facture de gaz, d’essence ou de fioul, sur le climat, le pouvoir d’achat et sur les enjeux diplomatiques. Il est également nécessaire d’être pédagogue sur les objectifs à atteindre en terme d’économie d’énergie et de décarbonation et privilégier une logique de substitution des énergies entre elles plutôt qu’une logique de superposition des sources d’énergies.
Cela passe aussi la fin de l’opposition entre les différentes approches, comme le nucléaire contre les énergies renouvelables ou l’efficacité contre la sobriété énergétique. Il sera alors possible de privilégier une approche globale et de se concentrer sur les deux enjeux principaux que sont la neutralité carbone et la dépendance aux énergies fossiles.
D’ici 2050, la France doit diminuer de 40% sa consommation d’énergie pour respecter ces objectifs climatiques. Pour atteindre cet objectif les leviers à utiliser concernent aussi bien l’efficacité que la sobriété énergétique et le consommer moins autant que le consommer mieux.
Pour remplacer les énergies fossiles et retrouver une souveraineté énergétique, la France devra fortement investir dans les énergies décarbonées, qu’il s’agisse de nucléaire, d’hydraulique, de solaire, d’éolien ou de biogaz et d’hydrogène pour prendre en compte tous les usages.
Cette transition ne pourra pas se faire sans la modernisation du système de production énergétique et des réseaux de transport, sans une meilleure flexibilité de la consommation et du stockage et sans l’adhésion des consommateurs.
Le secteur agricole aura un rôle majeur à jouer pour continuer à alimenter le secteur de l’énergie et mettre à disposition les gisements de bio-énergies agricoles. Les secteurs de l’industrie et du bâtiment devront également se moderniser et réduire leur empreinte carbone, en renforçant notamment les actions en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments et des logements.
En France, les parcs nucléaires et hydraulique ont déjà permis de réduire la dépendance des énergies fossiles dans la production énergétique, une nouvelle mobilisation forte et rapide permettra de franchir l’étape suivante, celle de l’émancipation vis-à-vis de ces énergies.
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