Le centre du plateau tibétain, surnommé troisième pôle ou château d’eau de l’Asie, représente la troisième plus grande réserve de glace après l’Antarctique et l’Arctique, mais en raison du réchauffement climatique les prochaines années pourraient être critiques pour ce réservoir selon les scientifiques.
Le haut plateau tibétain situé au nord de l’Himalaya a une superficie de deux millions de km2 et approvisionne en eau environ deux milliards d’individus. Mais avec le réchauffement climatique, le plateau fond inexorablement, entre 2000 et 2018 il est ainsi passé de trois cent quarante gigatonnes de glace à cent soixante-six gigatonnes, soit une perte de plus de 50% en moins de vingt ans.
Une étude publiée dans la revue Nature reviews earth & environment s’attache à expliquer la situation actuelle et sa probable évolution sachant que la fonte des glaciers due à l’augmentation des températures ne constitue que la partie la plus visible du phénomène. Le changement de phase entre glace solide et eau liquide a une incidence sur les circulations atmosphériques car elle génère une augmentation de la proportion en eau liquide et cette évolution a modifié la répartition des ressources eau selon les régions impactées, ce que les scientifiques appellent une disparité nord-sud due à l’interaction spatio-temporelle entre les vents d’ouest et la mousson indienne.
Avec ce déséquilibre, l’eau s’écoule de plus en plus vers le nord et de moins en moins vers le sud. Ce phénomène, qui ne cesse de s’accentuer, va provoquer progressivement l’assèchement des bassins qui s’ouvrent vers la mer, dits bassins exoréiques, et une possible submersion des bassins confinés dans les terres, dit bassins endoréiques.
Le réchauffement climatique va certainement accélérer ce processus et conduire à augmenter l’alimentation des bassins du fleuve Jaune et du Yangtze et à l’inverse provoquer des pénuries dans les bassins de l’Indus et de l’Amou-Daria. La situation de l’Indus est jugée particulièrement critique car le fleuve est bordé par de nombreuses cultures qui nécessitent une irrigation importante.
Le professeur Yao Tandong, le premier auteur de l’étude, s’inquiète des conséquences du déséquilibre entre l’offre et la demande en ressource en eau pour les régions en aval dans lesquelles des millions d’habitants pourraient bientôt manquer d’eau. Le scientifique espère pouvoir améliorer rapidement les méthodes de mesure pour disposer de prévisions plus précises sur l’approvisionnement futur en eau pour faciliter l’évaluation des stratégies d’atténuation et d’adaptation pour la région.
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