A l’échelle des temps géologiques de la Terre, la présence d’un océan très salé pendant l’Archéen, entre -4 et -2,5 milliards d’années, une des quatre périodes du Précambrien au début de l’existence de la Terre, aurait permis de maintenir un climat chaud alors que le soleil chauffait encore faiblement la surface terrestre.
Si la composition de l’atmosphère a joué un rôle majeur dans l’évolution du climat de la Terres, il apparaît que la composition des océans a eu une influence tout aussi importante dans le maintien des conditions climatiques qui ont permis l’apparition et le développement de la vie terrestre.
Les échanges chimiques entre l’océan et l’atmosphère sont très importants et influent sur la régulation de certains mécanismes comme le niveau de gaz à effet de serre. La salinité des océans et le climat sont ainsi étroitement liés, qu’il s’agisse du rôle du climat sur la salinité qui favorise par exemple l’évaporation du sel avec le réchauffement climatique ou du rôle de la salinité des océans sur le climat comme le démontre une étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters.
La capacité des océans à stocker des gaz sous forme dissoute, comme le CO2, dépend de la concentration en ions dissous dans les océans qui va favoriser, en fonction de ce niveau de concentration, la solubilité des gaz dans l’eau. La salinité des océans est définie par la concentration en ions sodium et en chlorure et la salinité influant sur la capacité des gaz à être solubles, plus un océan sera salé moins il pourra capter les gaz à effet de serre qui resteront alors dans l’atmosphère. La salinité influence aussi la densité de l’eau, une eau salée étant plus dense qu’une eau douce, qui, en impactant la circulation océanique, modifie les échanges de température entre l’air et l’eau.
Ce phénomène est particulièrement présent au niveau des pôles puisque le sel permet d’abaisser le point de congélation de l’eau de mer, empêchant la formation de glace à la surface des océans. Plus la salinité est importante plus la température devra être basse pour que la banquise commence à se former.
La combinaison de ces phénomènes explique que la variation de la salinité entraîne dans modifications sur la circulation océanique, le transport de chaleur vers les hautes latitudes et sur la formation de la banquise. Toute modification, même légère, de l’épaisseur de la couverture de glace va modifier sa capacité réflective et entraîner une modification du climat.
Tout au long de l’histoire de la Terre, la salinité des océans a pu fortement varier à plusieurs reprises en fonction de causes diverses et variées, telles que la variation du niveau de l’eau, la variation des sources hydrothermales et des sources d’eau douce alimentant les océans ou le taux d’altération des roches continentales. Les scientifiques, auteurs de l’étude, se sont basés sur un modèle climatique prenant en compte les dynamiques océaniques et atmosphériques pour démontrer que plus les océans sont salés, plus le climat va être chaud.
Ainsi, une augmentation de 20 à 50g/kg de sel dans les océans entraînerait, quelle que soit la période concernée, une réduction de 71% de la banquise. Les scientifiques ont pu montrer que durant l’Archéen, la présence d’un océan plus salé que celui que nous connaissons actuellement, aurait pu maintenir un climat chaud et des taux de gaz à effet de serre importants dans l’atmosphère. Comme à cette époque d’évolution de la Terre le soleil était environ 20% moins brillant qu’il ne l’est de nos jours, un océan plus salé aurait empêché la planète de se transformer en boule de glace et aurait ainsi permis aux conditions favorisant l’apparition et le développement de la vie de se développer.
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