La sécheresse que connaissent l’Europe et la France, en particulier en 2022, s’est traduite par un plus grand nombre d’incendies, des restrictions d’eau, des inondations importantes lorsque la pluie revient, des récoltes en berne pour les agriculteurs et une augmentation des prix de l’alimentation.
Les usages de l’eau douce auxquels on pense prioritairement concerne de manière générale les usages domestiques comme se laver les mains ou les dents, prendre une douche ou un bain, utiliser le lave-vaisselle, alors qu’ils ne constituent qu’une part minime de l’utilisation de l’eau douce.
La majorité de l’eau douce sert à faire pousser les plantes et donc à se nourrir. La France reçoit chaque année environ 500 milliards de mètre cube d’eau sous forme de pluie ou de neige, dont 60% qui s’évaporent directement ou par l’intermédiaire des plantes qui ont absorbé cette eau.
Les 200 milliards restants se répartissent entre les rivières, les lacs et les nappes phréatiques, dont approximativement 5,5 milliards qui sont prélevés pour l’eau potable, 3 milliards pour l’irrigation et 3 milliards pour l’industrie. Pour que les plantes se développent et que la sève monte dans la plante, il faut que la plante transpire en continu.
Une tonne d’eau est nécessaire pour produire un kilo de céréales et cette eau est d’abord utilisée pour que la plante transpire, pousse et produise son grain, elle est composée principalement d’eau de pluie et accessoirement d’eau d’irrigation. La proportion d’eau nécessaire est encore plus importante quand elle est utilisée pour la récolte des fruits des arbres, des feuilles, comme le thé, ou des seules graines, comme l’amande ou le café.
Il y a ainsi environ 200 litres d’eau dans un kilo de tomates, 2.000 litres dans un kilo d’avocats ou 16.000 litres dans un kilo de café, soit l’utilisation d’environ 140 litres d’eau pour une tasse de café, 4 litres d’eau pour produire une amande et 1,5 litres pour produire une fraise.
Si toutes les céréales ont besoin d’à peu près la même quantité d’eau, la différence vient de leur cycle de vie. Le blé qui a besoin d’eau en mars, avril et mai est adapté au climat des pays comme la France, car il pleut beaucoup à cette période et les champs n’ont pas besoin d’être irrigués, contrairement au maïs qui a besoin d’eau en juin, juillet et août.
Les réserves d’eau de pluie conservées au printemps vont permettre d’irriguer les champs en été, ce qui représente pour le maïs la moitié des 1,5 million d’hectares irrigués en France. Cette année, la récolte de blé a été impactée par le manque de pluie au printemps et la canicule en été.
Si la France produit trois fois plus de blé qu’elle n’en consomme, le tiers de la production consacré à l’exportation sera impacté en premier pour satisfaire la consommation intérieure et la consommation animale. De même, la production de pommes de terre, culture non irriguée, est en baisse de 20 à 50%.
Cette production en forte baisse, à laquelle s’ajoute l’augmentation du prix de l’huile de cuisson, aura un impact sur le prix des frites par exemple. D’autres cultures, pour lesquelles il a été possible au cas par cas de maintenir l’irrigation comme le maïs, le tournesol, le colza, les légumes sous serre et en plein champ et les arbres fruitiers, seront moins impactées par les aléas climatiques. Les conséquences des récoltes sur les prix vont varier en fonction du poids que représentent les céréales dans le produit fini, car elles sont majoritairement toutes transformées, comme le blé ou le maïs, transformés en pain, pâtes et incorporés dans la production de plats cuisinés, de viande, des laitages ou des œufs.
Le poids du blé dans la fabrication d’une baguette reste relativement faible car la baguette est un produit principalement artisanal. Les coûts vont surtout concerner la main d’œuvre et les couts de fonctionnement. Le poids du blé est d’environ 5 à 8%, d’où une baguette qui va augmenter de l’ordre de 5 à 10 centimes. À l’inverse, les pâtes sont un produit industriel avec une production entièrement mécanisée et des coûts annexes plus faibles.
Le poids du blé dans le prix du produit final est plus important et l’augmentation du prix final sera plutôt comprise entre 30 et 40%, notamment pour les premiers prix pour lesquels la marge est presque nulle. La situation de l’élevage est identique, la nourriture du cochon par exemple représentant 70% des coûts de production, la consommation d’un poulet avant l’abattoir représente approximativement 5,5 kilos d’aliments et celle de la poule environ 150 grammes par jour pour pondre un œuf.
Cette nourriture étant composée de céréales dont les prix ont fortement augmenté, les prix de la viande ou des œufs va aussi mécaniquement augmenter. A cela s’ajoute, des épisodes de grippe aviaire, et la diminution de l’herbe pour le bétail en raison de la sécheresse qui n’a pas permis de constituer les stocks nécessaires pour cet hiver. Les céréales seront donc utilisées plus tôt dans l’année pour nourrir le bétail, aggravant les tensions sur le marché des céréales et aboutissant à une nouvelle augmentation de certains produits comme le lait et la viande.
Les augmentations de prix dépendent aussi du nombre d’acteurs présents entre le champ et l’assiette du consommateur dont l’objectif est pour chacun d’entre eux de minimiser leur perte ou améliorer leur marge. La filière des produits alimentaire connaît une forte concentration en bout de chaîne en France. L’augmentation des prix dépend ainsi beaucoup moins des 400.000 agriculteurs ou de leurs coopératives que des acheteurs et distributeurs finaux.
Si les prix vont nécessairement augmenter dans les pays industrialisés comme la France, l’inflation ou l’absence de produit ne créeront pas de famine, contrairement à ce qui pourrait se passer de nombreux pays dépendant des exportations céréalières et sensibles à la variation des prix des matières premières, d’où les alertes répétées et les craintes de l’ONU à ce sujet. Les épisodes climatiques extrêmes qui se déroulent en 2022 font prendre conscience que le problème de sécheresse et de gestion de la ressource en eau ne concerne pas seulement certains pays et qu’il est important d’apprendre à mieux gérer cette ressource.
Un des principaux problèmes vient du traitement réservé à l’eau de pluie majoritairement rejetée dans les rivières et les mers et qui n’est pas suffisamment stockée en prévision des saisons sèches. La construction de nouvelles retenues d’eau artificielles n’est pas la meilleure solution, car les retenues déjà existantes ont de plus en plus de mal à se remplir et l’eau à s’y maintenir parce qu’elle s’évapore rapidement avec les fortes chaleurs.
La solution des réseaux de mares et de retenues collinaires remplies avec les eaux de ruissellement peut être privilégiée, mais la meilleure solution pourrait être le stockage de l’eau directement dans le sol et remplacer l’irrigation par l’élevage du ver de terre. Le labour qui a façonné l’agriculture humaine se révèle désormais néfaste, durcissant le sol, gelant la biodiversité et la fertilité, provoquant une forte érosion et ne permettant la photosynthèse une partie de l’année.
Un sol recouvert de végétation et protégé par des arbres, permettra à la faune de se développer, notamment les vers de terre qui vont l’attendrir, le labourer et former des micro-canaux permettant à l’eau de pluie de s’infiltrer. Un blé ou un maïs planté sur un sol labouré pourra développer des racines entre 30 et 50 centimètres de profondeur alors que les micro-canaux sur un sol non labouré permettront aux racines de descendre jusqu’à deux mètres, à une profondeur où l’eau de pluie hivernale aura été stockée.
Il s’agit de techniques de conservation des sols déjà éprouvées qui privilégient la plantation de haies et l’agroforesterie. Un sol labouré se durcit et la sécheresse fait ruisseler l’eau, contrairement aux sols meubles, accueillant une forte biodiversité et recouverts en permanence, qui absorbent l’eau.
Une autre possibilité pour adapter l’agriculture à un climat toujours plus sec est de modifier les variétés de céréales qui sont utilisées. Avec le développement de l’agriculture intensive, les choix génétiques ont privilégié la productivité et des variétés produisant beaucoup de grains, mais sensibles au climat.
La solution est désormais de planter diverses variétés et plusieurs espèces ensemble, telles que des céréales avec des légumineuses, pour qu’elles s’aident mutuellement à pousser, ou remplacer des plantes des tropiques humides comme le maïs par des plantes des tropiques secs comme le sorgo. Une évolution technologique pourrait aussi venir de l’agri-voltaïsme qui consisterait à installer des panneaux solaires mobiles dans les champs, pour à la fois faire paître les animaux à l’abri du soleil, abriter les plantes et les cultures du soleil et produire de l’électricité.

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