Le satellite BlueWalker3 de l’entreprise AST SpaceMobile a été placé en orbite par le lanceur Falcon 9 de SpaceX le 22 septembre 2022. Une fois déployées toutes ses antennes réfléchissantes, la luminosité du satellite a été multipliée par 40 et provoque une pollution lumineuse importante selon les astronomes.
L’objectif de ce satellite est, comme pour Starlink, de transmettre internet en 4G ou 5G directement depuis l’espace, à destination prioritairement des populations rurales et des zones à faible densité pour lesquelles le réseau filaire n’existe. BlueWalker3 a été placé en orbite à 500 kilomètres d’altitude et AST SpaceMobile souhaite ajouter 110 satellites supplémentaires, appelés BlueBirds, pour former une constellation amenant internet partout sur Terre.
L’entreprise explique qu’il s’agira du premier et seul réseau cellulaire à large bande basé dans l’espace et accessible à des smartphones standards. Mais depuis qu’il est complètement déployé, la luminosité de BlueWalker3, multipliée par 40, éclipse toute une partie du ciel nocturne et rivalise avec les étoiles les plus lumineuses.
Le satellite possède une masse de 1.500 kilos et une surface de 64 m2 qui restent cependant inférieures aux dimensions des futurs satellites BlueBirds qui seront lancés en 2023. Un article de la revue Science dans lequel interviennent plusieurs astronomes alerte sur l’augmentation constante de la pollution lumineuse observée depuis 2020.
L’astronome Meredith Rawls, de l’université de Washington et qui participe au sein de l’union astronomique internationale à la direction du centre pour la protection du ciel sombre et calme contre les interférences des constellations satellitaires, indique qu’il s’agit d’une situation que les astronomes ne veulent pas, qui va provoquer une séquence super brillante dans les images et va saturer potentiellement les détecteurs de caméras dans les observatoires.
Actuellement, d’autres objets, comme la station spatiale internationale, sont plus lumineux que BlueWalker3, mais ses passages dans le ciel sont connus des astronomes et permettent d’adapter les observations. John Barentine, astronome chez Dark Sky Consulting, indique que les astronomes essaient de faire dans un esprit de coopération, mais qu’il y a beaucoup d’entreprises qui ne sont pas encore connues.
Le satellite BlueWalker3 inquiète pour sa luminosité mais aussi pour la technologie qu’il emploie. Il transmettra des ondes radio directement aux téléphones afin d’éviter le passage par les tours de téléphonie cellulaire et la bande de fréquence que le satellite utilise étant très large, elle empiètera sur les fréquences radio utilisées par les observatoires. Certains objets stellaires pourraient devenir indétectables, comme des astéroïdes potentiellement dangereux, si la constellation est lancée.
Face à ces inquiétudes, un porte-parole d’AST SpaceMobile déclare que l’entreprise est impatiente d’utiliser les technologies et les stratégies les plus récentes pour atténuer les impacts potentiels sur l’astronomie et qu’elle travaille activement avec des experts de l’industrie sur les dernières innovations, y compris les matériaux antireflets de nouvelle génération.
Au-delà de la coopération qu’il est possible ou pas de nouer avec les entreprises, le fond du problème concerne la législation. Sur Terre, des zones doivent rester silencieuses dans les ondes radio pour ne pas gêner les observatoires, mais dans l’espace cette règle ne s’applique pas. John Barentine regrette que le système actuellement en place ne soit pas suffisamment équipé pour faire face à un scénario comme celui qui se présente et qui se développe très vite.
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