Un des glaciers les plus connus, le Jamtal en Autriche, la scientifique Andrea Fischer le connaît comme sa poche. Mais jamais “elle n’aurait imaginé qu’il fonde de manière aussi spectaculaire que cet été”, emportant dans le processus des données précieuses.
Au fur et à mesure du réchauffement climatique, “nos archives disparaissent”, s’inquiète la scientifique Andrea Fischer, tout en examinant à ses pieds la glace qui, à certains endroits, se mêle à la terre, donnant au paysage un aspect grisâtre.
Depuis plus de 20 ans, Mme Fischer scrute à la loupe Jamtal et d’autres glaciers de la région montagneuse du Tyrol.
Dans ces capsules temporelles uniques, permettant de remonter à des milliers d’années, elle et son équipe prélèvent régulièrement des carottes de glace.
Par la suite, Ils peuvent ensuite les dater en procédant à des mesures de carbone 14 sur des débris végétaux restés emprisonnés à travers le temps.
L’analyse des différentes couches permet de “comprendre le climat du passé et de créer des modèles pour l’avenir”, explique la chercheuse.
Un travail qui devient toutefois de plus en plus complexe pour la directrice adjointe de l’Institut de recherche sur la montagne d’Innsbruck, rattaché à l’Académie des Sciences.
Avec la fonte, indicatrice du changement climatique, s’est accélérée ces 20 dernières années, selon une étude publiée dans Nature en avril 2021.
Le chiffre est terrible, car sur les 220.000 glaciers de la planète, les 4.000 localisés dans les Alpes ont particulièrement rétréci et la plupart sont voués à s’évaporer.
“Cette année est insensée en comparaison de la moyenne des 6.000 dernières années”, lance Andrea Fischer. “À ce rythme, Jamtal ne sera plus un glacier dans cinq ans”.
Andrea Fischer a même dû avancer de quelques jours une opération de forage à 14 m de profondeur, devant les températures exceptionnellement élevées.
Normalement, la neige protège le glacier du soleil pendant l’été, mais le peu de flocons tombés l’hiver dernier avait déjà disparu début juillet.
“Le glacier est donc entièrement exposé au soleil durant deux mois”, souligne la scientifique.
La répercussion pour la recherche est dévastatrice : Mme Fischer pronostique une perte de sept mètres de glace cette année, contre un mètre habituellement, “ce qui correspond à l’analyse de 300 ans de changement climatique” partie en fumée.
Comment here