Selon Sébastien Gouspillou, dirigeant de la société Big Block Green Services (BBGS) dont la spécialité est d’installer et exploiter des fermes cryptos alimentées par des énergies vertes, le minage des cryptos, c’est-à-dire la création de cryptomonnaies, aurait un impact positif pour la planète et son développement.
Invité à la Blockchain Week de Bruxelles, il précise que le besoin énergétique pour le minage permet de remplacer les centrales électriques existantes fonctionnant au gaz et au charbon par des centrales fonctionnant avec des énergies renouvelables non carbonées. Sa société participe à l’électrification en énergie verte de zones non couvertes par le réseau électrique traditionnel, principalement en Afrique et rentabilise les installations en utilisant les surplus produits pour miner des cryptos.
Sébastien Grouspillou prend l’exemple d’un pays surproducteur d’électricité verte comme l’Islande pour indiquer que la consommation domestique n’absorbe que 5% de la production nationale et même en incluant le secteur industriel, la production reste encore en surcapacité, l’électricité ne pouvant être exportée à l’extérieur de l’île.
L’installation de fermes pour le minage de cryptos a permis d’améliorer la rentabilité de la production hydroélectrique et géothermique et participe ainsi à la croissance de l’économie du pays. La situation est identique dans d’autres régions productrices d’électricité verte comme la Russie ou le Québec.
Il estime que le minage apporte un équilibre économique insoupçonné pour les producteurs d’énergie, car la capacité inutilisée pour la production hydraulique, par exemple, s’élève au niveau mondial à environ 50%. Sébastien Grouspillou pense que de nombreux réseaux de minage pourraient ainsi être installés grâce à ces installations sans pour autant priver la population de la ressource existante.
De plus, contrairement à ce qu’affirment les détracteurs du minage, auteurs d’une étude largement diffusée, qui mettent en avant la création d’une importante pollution électronique, l’impact écologique des fermes cryptos est largement limitée grâce à au recyclage et à la récupération des matériaux.
La plupart des composants ne contiennent pas d’éléments toxiques ou difficile à recycler contrairement aux déchets provenant des téléphones portables par exemple. Les composants les plus importants sont, comme le rappelle le consortium des mineurs, les dissipateurs thermiques en aluminium et les boitiers facilement recyclables et revendables. En utilisant le surplus d’électricité verte non utilisée par la population, le minage ne génère donc pas d’impact carboné.
De manière générale, l’accès à l’électricité pour les populations concernées se trouve généralement limité par le dimensionnement du réseau existant et le prolonger dans des zones faiblement habitées pose la question de sa rentabilité. Comme le souligne l’ONU, le choix doit alors plutôt se tourner vers des petites structures de production décentralisée d’électricité verte.
Pour Sébastien Grouspillou, le rôle des fermes cryptos va être de rentabiliser l’énergie verte ainsi produite le temps que la production d’électricité soit correctement calibrée avec les besoins de la population. Il précise que les contrats avec les fournisseurs locaux d’électricité prévoient de ne plus utiliser le réseau dès que la demande locale est suffisamment importante.
Les serveurs étant installés dans des containeurs, ils sont facilement transportables d’un point de raccordement à un autre. Alors que le financement de l’hydroélectricité est souvent synonyme de retour sur investissement sur une durée comprise entre 20 et 40 années, l’utilisation des infrastructures pour le minage permet de les rentabiliser entre 3 et 5 ans.
Pour autant, le dirigeant de BBGS confirme qu’il existe encore des fermes cryptos très polluantes fonctionnant au charbon. Il est estimé que cette option est amenée à disparaître en raison de l’augmentation du coût de l’énergie fossile, ou bien ce sont les mineurs qui utilisent cette énergie qui disparaîtront, car il deviendra impossible de payer toujours plus chère l’énergie nécessaire au minage.
Sébastien Grouspillou estime que l’industrie du minage est l’une des plus propres au monde grâce à son utilisation d’énergie verte produite en surplus par rapport à la consommation locale et qu’elle participe aussi à l’accès universel à l’électricité au travers de l’utilisation de petites structures décentralisées. Dans ce contexte d’accès universel à l’énergie et d’électrification des zones pour favoriser leur développement, il condamne le discours occidental estimant que le meilleur kilowattheure est celui qui n’est pas consommé.
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